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À la fois critique et élogieux à son égard, Yanis Varoufakis appelle à voter Macron

À la fois critique de certaines de ses propositions et élogieux quant à son rôle joué lors de la crise grecque, l’ancien ministre grec de l’Économie, Yanis Varoufakis, appelle à voter Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle.

Figure de la lutte contre l’austérité imposée à la Grèce par l’Union européenne, l’ancien ministre grec de l’Économie Yanis Varoufakis se répand depuis plusieurs jours dans les médias français pour appeler le peuple de gauche français à voter Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle, tout en soulignant le rôle positif qu’aurait joué ce dernier lors de la crise grecque au début de l’été 2015.

Après une interview dans L’Opinion et une tribune postée sur Mediapart, c’est dans une nouvelle tribune, cette fois-ci publiée dans Le Monde mardi après-midi, que Yanis Varoufakis appelle une nouvelle fois les électeurs à ne pas renvoyer dos-à-dos Marine Le Pen et Emmanuel Macron, s’étonnant que le "front républicain" de 2002 puisse ne pas susciter la même adhésion quinze ans plus tard.

"Marine Le Pen est-elle vraiment une option moins inacceptable que son père ? Emmanuel Macron est-il pire, du point de vue de la gauche, que Jacques Chirac en 2002 ? Si ce n’est pas le cas, pourquoi certains leaders de la gauche refusent-ils aujourd’hui de soutenir Macron contre Le Pen ? C’est pour moi une véritable énigme", écrit-il dans le quotidien du soir, sans citer Jean-Luc Mélenchon qui refuse de dire pour qui il votera le 7 mai.

Si Yanis Varoufakis pointe ses divergences avec le projet de son ancien homologue, comme "sa poursuite de la déréglementation du marché du travail au milieu d’une crise déflationniste", "ses propositions actuelles pour une reconfiguration de la zone euro qui la transformera en une 'fédération-light'" ou encore "ses propositions plus récentes visant à réduire les impôts sur la fortune et à réduire les dotations du gouvernement aux collectivités locales", il estime toutefois "scandaleux" de "renvoyer dos-à-dos Le Pen et Macron".

"Je refuse de faire partie d’une génération de progressistes européens qui auraient pu empêcher Marine Le Pen de gagner la présidence française mais ne l’ont pas fait. C’est pourquoi j’écris cet article : pour soutenir sans équivoque la candidature de Macron au deuxième tour. Le Front national ne peut pas s’emparer de l’Élysée par surprise, du fait d’une indifférence tactique fautive de notre part", poursuit l’ancien ministre grec, aujourd’hui à la tête de DiEM25, le Mouvement pour la démocratie en Europe.

"Macron a été le seul ministre d'État en Europe à faire tout son possible pour nous aider"

Mais au-delà de cet appel au front républicain, Yanis Varoufakis livre une anecdote sur Emmanuel Macron qui a, selon lui, tenté de jouer un rôle positif pour sauver la Grèce au début de l’été 2015.

"Alors que la 'troïka' des créanciers de la Grèce et le gouvernement de Berlin étranglaient les tentatives de notre gouvernement de gauche nouvellement élu pour libérer la Grèce du carcan de sa dette, Macron a été le seul ministre d'État en Europe à faire tout son possible pour nous aider", affirme le leader de DiEM25.

Yanis Varoufakis raconte ainsi que, fin juin 2015, "lorsque l'Eurogroupe avait décidé de fermer nos banques pour punir notre gouvernement", Emmanuel Macron, alors ministre de l'Économie, aurait convaincu François Hollande de rouvrir une négociation et "proposé de venir incognito à Athènes" pour une médiation. Mais l'Élysée mettra un veto à cette mission sous l'influence d'Angela Merkel qui n'aurait pas apprécié qu’Emmanuel Macron relaie la position grecque, selon l’ancien ministre du Premier ministre grec Alexis Tsipras.

Yanis Varoufakis avait déjà évoqué cette anecdote dans L’Opinion du 19 avril, égratignant au passage François Hollande : "Il dit que c'est la France qui a sauvé la Grèce : c'est faux. Dans les négociations que nous avons menées à Bruxelles, François Hollande était dans la pièce mais il était absent. Il était là pour défendre ses propres intérêts."