
Un tribunal d’Istanbul a ordonné la remise en liberté de l'auteure turque Asli Erdogan, jugée à Istanbul pour son prétendue soutien à la rébellion pro-kurde, le PKK. Qui est-elle ? Que lui reprochait-on ? Explications.
Elle sera finalement libre. Un tribunal d'Istanbul a ordonné jeudi 29 décembre la remise en liberté sous contrôle judiciaire de la romancière turque Asli Erdogan. Cette dernière comparaissait devant la 23e chambre de la cour d'assises de Caglayan, à Istanbul, pour son appartenance à une "organisation terroriste", le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Cette militante engagée pour la défense des droits de l'Homme et des minorités de son pays a été arrêtée dans la nuit du 16 au 17 août 2016. Ses soutiens avaient dénoncé son arrestation comme étant une conséquence de la "chasse aux sorcières" du gouvernement depuis le putsch manqué du 15 juillet.
• Qui est Asli Erdogan ?
Malgré son nom de famille, Asli Erdogan ne partage aucun lien de parenté avec le président turc Recep Tayyip Erdogan. Physicienne de formation, elle est surtout connue pour ses nombreux romans traduits dans plusieurs langues. "Elle est l'une des romancières les plus lues en Turquie", rappelle Fatma Kizilboga, correspondante de France 24 en Turquie.
Ironiquement, son dernier roman traduit en français, "Le Bâtiment de pierre" paru en 2013, décrivait le système pénitentiaire turc. Comme le rappelle Le Monde, le livre décrit "les tourments d’une femme hantée par son séjour derrière les barreaux aux côtés de militants, d’intellectuels et d’enfants des rues", près de trois ans avant de l'expérimenter elle-même.
• Que reproche-t-on à Asli Erdogan ?
Engagée, Asli Erdogan est une infatigable militante non seulement des droits de l'Homme mais aussi des femmes, des minorités ainsi que de la reconnaissance du génocide arménien. Elle avait été arrêtée dans la foulée de la fermeture du quotidien Özgür Gündem, connu pour ses positions pro-kurdes, le 16 août 2016. La romancière y tenait une chronique régulière. Elle avait été arrêtée le jour suivant par des policiers cagoulés.
En tout, l'auteure est restée 30 jours en garde à vue dont cinq en isolement total. Elle était maintenue en détention préventive dans la prison stambouliote pour femmes, Barkirköy, dans l'attente de son procès. Comme sept des huit autres collaborateurs du journal arrêtés en même temps qu'elle, la réclusion à perpétuité avait été requise contre elle.
• Qui se mobilise autour d'Asli Erdogan ?
L'arrestation de cette femme de lettres a suscité une vague d'indignation en Turquie et dans le monde entier. Des intellectuels et des artistes ont dénoncé une liberté d'expression bafouée et une "chasse aux sorcières". Ses soutiens s'inquiètent notamment de son état de santé, la romancière souffrant d'asthme et de diabète.
Comme l'explique France TV info, de nombreux journalistes, écrivains et éditeurs comme Bernard Pivot, Annie Ernaux, Tatiana de Rosnay ou Jonathan Littell ont lancé fin août une pétition pour obtenir sa libération. Sur Change.org, elle recueillait à ce jour plus de 45 000 signatures.
Aujourd'hui, mercredi 28 décembre, #AsliErdogan est toujours en prison. #libertepourAsli
— vincent monadé (@vincentmonad) 28 décembre 2016