Comme toute œuvre d’art qui se respecte, il lui faut quelques années pour se faire une place dans une institution telle que le Museum of Modern Art de New York.

Les emojis, eux, auront mis moins de 20 ans pour s’y retrouver, depuis leur création en 1999 par le Japonais Shigetaka Kurita. Destinés aux téléphones cellulaires NTT DOCOMO, ils ne mesuraient alors que 12 x 12 pixels et ne se déclinaient qu’en six couleurs : rouge, orange, mauve, vert, bleu roi et noir. Ce qui, pour des balbutiements, était déjà pas mal.

Le MoMA a donc annoncé l'acquisition de 176 d’entre eux – les 176 premiers – qui dépeignaient à peu près les objets et concepts que l’on connaît si bien aujourd’hui : burger, cœur, chat, soleil et même manette de Super Nintendo (on n’est jamais Japonais qu’à moitié). Aucune somme d’argent n’a toutefois été déboursée, l’ensemble ayant été offert par NTT lui-même au musée.

"Ils sont incroyablement beaux et expressifs, même si la technologie de l’époque restait limitée", s’est enthousiasmée Paola Antonelli, curatrice au département d’architecture et de design. 

Un succès en différé

Il aura fallu plus de 10 ans avant que ces petits symboles, aujourd’hui utilisés quotidiennement par une majorité d’entre nous, ne parviennent à traverser les continents. Alors que Google ne les a introduits dans son service Gmail qu’en 2006, Apple a attendu l'année 2011 pour s’en emparer à son tour et les ajouter à iOS.

Enfin, la standartisation informatique à l'échelle planétaire de ces émoticônes, comme on les nomme en français, ne s'est faite qu'en 2010 sous l'égide du Consortium Unicode. 

Cet engouement vous dépasse ? Dites-vous que même la Bible a été traduite en emojis. Alors les hisser au rang d'œuvre d'art n'était qu'une formalité.

Quelque chose à ajouter ? Dites-le en commentaire.