
Le parlement indonésien souhaite amender une loi sur la diffamation en ligne pour lutter contre le cyberharcèlement. Pour ce faire, les députés veulent criminaliser la publication de mèmes sur les réseaux sociaux. Une initiative jugée liberticide.
Souvent drôle, quelquefois bête et méchant, le mème fait vibrer les Internets. Qu’on l’adule ou qu’on le deteste, il apparaît à chaque polémique et envahit le Web. Personnalités politiques, et médiatiques, manifestations, police, animaux, il n’épargne personne au point que certains veulent signer son arrêt de mort.
C’est le cas du parlement indonésien qui souhaite introduire un amendement à la loi sur l’information électronique et les transactions pour criminaliser la publication sur Internet de mèmes mais aussi de "toute image, texte ou vidéo qui poussent à la peur ou à l’humiliation", rapporte le Jakarta Post, le 26 septembre.
"Textes, images, vidéos qui poussent à la haine ou à l'humiliation"
Un outil de censure politique
Objectif de cette révision législative : lutter contre le cyberharcèlement. Une ambition louable, que certains jugent peu crédible. Il s’agirait en fait moins de combattre le fléau du harcèlement en ligne que de museler l'expression en interdisant toute possibilité de moqueries autour des personnalités politiques sur les réseaux sociaux.
La loi sur l’information électronique et les transactions qui sanctionne entre autres la diffamation en ligne a déjà fait l’objet de nombreuses contestations en Indonésie. Depuis son vote en 2008, 200 personnes ont fait l’objet de poursuites en justice, d’après l’association Southeast Asia Freedom of Expression Network.
Ce contexte fait dire à Supriyadi Eddyono, membre de l'Institut pour la réforme de la justice criminelle, que l'amendement pourrait être utilisé comme un outil politique contre les opposants politiques alors que les élections des gouverneurs doivent avoir lieu en 2017. "La révision de la loi sur l’information électronique et les transactions menace sérieusement la liberté d'expéssion en Indonésie", a affirmé Supriyadi Eddyono au Jakarta Post.
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