Après des années de déni, Donald Trump, le candidat républicain à la Maison Blanche, a admis vendredi que Barack Obama était bien né aux États-Unis… mais accuse sa rivale Hillary Clinton d’avoir lancé cette rumeur.
"Le président Barack Obama est né aux Etats-Unis, point final." Tentant de mettre fin à la controverse qu'il alimente lui-même depuis des années, Donald Trump a finalement reconnu vendredi 16 septembre que le président Barack Obama était bien né sur le sol américain.
Alors que la polémique était revenue à la une jeudi via une interview au Washington Post, Donald Trump a fait cette brève mise au point depuis Washington lors d’une conférence de presse diffusée en direct par certaines chaînes d’information
Depuis des années et jusqu'à encore jeudi, le milliardaire refusait absolument de reconnaître le fait, pourtant documenté, que Barack Obama est né à Hawaï, d'une mère américaine et d'un père kényan. Donald Trump avait alimenté cette théorie du complot visant à délégitimer l'élection en 2008 du premier président noir du pays, prenant la tête d'un mouvement dit des "birthers" considéré très largement comme raciste. La Constitution est ambiguë mais beaucoup estiment qu'elle stipule que le président doit être né sur le territoire.
Alors que l'élection de son successeur aura lieu dans 53 jours, l'absurdité du débat sur son lieu de naissance n'a pas amusé Barack Obama. "J'aimerais que l'élection présidentielle porte sur des sujets plus sérieux que celui-ci", a-t-il dit vendredi depuis la Maison Blanche.
Donald Trump accuse Hillary Clinton d’être à l’origine de la rumeur
Lors de la conférence de presse, souhaitant apparemment avoir le dernier mot, Donald Trump a affirmé que c'était l'équipe d'Hillary Clinton qui avait créé ces rumeurs sur Barack Obama. "Hillary Clinton et sa campagne de 2008 ont commencé la controverse des ‘birthers’, j'y ai mis fin", a-t-il dit, une accusation maintes fois ridiculisée.
Qu’est ce qui a poussé Donald Trump à faire cette déclaration après des années de déni ? Dans une interview au Washington Post, Hillary Clinton avait ravivé ses attaques contre le "racisme" du républicain, qui la rattrape dangereusement dans les sondages. Lui avait dit au quotidien dans cet entretien : "Je répondrai à cette question en temps voulu. Je ne veux pas encore y répondre."
"Barack Obama est né en Amérique, c'est aussi simple que cela. Donald Trump lui doit, ainsi qu'aux Américains, des excuses", a tonné Hillary Clinton vendredi lors d'un discours devant une organisation de femmes noires à Washington, après avoir déjà dénoncé ses propos dès jeudi soir devant une organisation politique hispanique. La candidate démocrate a, par ailleurs, interpellé Donald Trump sur Twitter en le sommant de s'excuser.
What Trump should do: for once in his life, own up to his mistakes. Apologize to the President, and to the American people.
— Hillary Clinton (@HillaryClinton) 16 septembre 2016"Il n'y a pas de nouveau Donald Trump, il n'y en aura jamais", a-t-elle ajouté. "Imaginez quelqu'un, dans le Bureau ovale, qui propage des théories du complot et refuse de céder malgré les faits."
Il faut remonter au premier mandat de Barack Obama pour trouver les racines de cette théorie du complot que Donald Trump, alors simple homme d'affaires et vedette de télévision, a défendu avec l'intensité qui est sa marque de fabrique. La rumeur prit tellement d'ampleur que Barack Obama avait fini par publier son acte de naissance complet, lors d'une conférence de presse en 2011 - un geste extraordinaire que Donald Trump s'est félicité d'avoir forcé. Mais qui n'avait jamais poussé le républicain à admettre lui-même que le président était légitime.
En 2012, il a même écrit sur Twitter que, selon une source à lui, l'acte de naissance complet était falsifié. Et en 2014, il avait appelé au piratage des dossiers académiques de Barack Obama, afin de vérifier son lieu de naissance.
Dans de multiples interviews, y compris cette année et l'an dernier, il a évité la question. "Qui sait ?, avait-il dit en janvier. J'ai ma propre théorie sur Obama."
La stratégie n’est sans doute pas étrangère au revirement de Donal Trump : l'équipe de campagne du candidat républicain souhaitait remiser ce passé encombrant alors que Donald Trump lance une opération de charme envers l'électorat noir, qui plébiscite aujourd'hui Hillary Clinton.
Avec AFP