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François Hollande : "Contre le terrorisme, la démocratie triomphera"

François Hollande a prononcé jeudi matin un discours sur "la démocratie face au terrorisme", à Paris. Son allocution a également été l'occasion pour le président de préciser ses intentions pour la présidentielle de 2017.

François Hollande s’est livré jeudi 8 septembre à un discours sur le thème de "La démocratie face au terrorisme" aux faux airs de meeting présidentiel. Le président s'est posé en défenseur de l'État de droit face au terrorisme et n'a pas ménagé ses attaques contre la droite, en particulier Nicolas Sarkozy.

Durant un peu plus d'une heure, le presque candidat a largement dépassé le thème de son discours pour lancer l'offensive tous azimuts.

Menace terroriste

Le chef de l'État a d’abord assuré que "la démocratie sera plus forte que la barbarie qui lui a déclaré la guerre". Salle Wagram, du nom de l'une des victoires décisives de Napoléon, François Hollande, devant un public acquis, s'est dit déterminé à poursuivre "obstinément le combat" contre le terrorisme.

Évoquant des "tentatives" déjouées "ces derniers jours", celui qui a connu à l'Élysée la plus grande vague terroriste en France depuis un demi siècle (238 morts depuis janvier 2015), a de nouveau prévenu que le combat serait de longue haleine.

Des piques adressées à la droite

Hollande n’a en outre pas manqué d’égratigner le bilan de Nicolas Sarkozy, coupable selon lui d'avoir diminué les effectifs de policiers et diminué le budget de la Défense.

Il a aussi éreinté les "arguties juridiques" évoquées par Nicolas Sarkozy qui empêcheraient, selon l'ancien président, de lutter contre le terrorisme, ou balayé l'idée d'interner sans jugement les personnes radicalisées.

Aux sarkozystes et au FN, qui souhaitent une loi contre le "burkini", il prévient qu'"il n'y aura pas de législation de circonstance aussi inapplicable qu'inconstitutionnelle". Message transmis également à Manuel Valls, qui avait défendu les arrêtés municipaux d'interdiction finalement contredits par le Conseil d'État.

Alain Juppé n'a pas été oublié. "L'identité française n'est ni heureuse, ni malheureuse", lui a lancé Hollande en référence à son mantra de campagne. Et "nul ne peut en conscience promettre qu'il n'y aura plus d'attentats", alors que le maire de Bordeaux avait estimé quelques heures après l'attentat de Nice que "si tout avait été fait", l'attaque "n'aurait pas eu lieu".

Il est aussi sorti du champ sécuritaire pour défendre, face à la droite, le modèle social, "patrimoine commun des Français", avertissant qu'il se battrait "toujours" contre "l'État d'exclusion" que voudrait selon lui bâtir la droite.

Hollande, le seul à avoir reçu "l’onction"

Sur le plan institutionnel, il a en outre affirmé vouloir "limiter le cumul des mandats dans le temps" pour les élus en allant plus loin que la loi sur le non cumul des mandats, dans le cadre d'une série de "réformes" afin que la démocratie soit "renouvelée".

Sur le plan politique, François Hollande a très clairement lancé l'offensive pour 2017, raillant avec des accents de candidat déjà prêt à en découdre, ces responsables de l'opposition qui "pensent que l'élection c'est la primaire".

L'élection "il faut la mériter, il faut s'y préparer, et il faut respecter les citoyens", a-t-il lancé comme s'il traçait déjà sa propre voie en évoquant "ce combat d'une vie", alors qu'il ne doit officiellement se prononcer sur sa candidature que début décembre.

Face à l'offensive d'Emmanuel Macron, et l'avalanche de postulants à gauche pour 2017, Hollande a voulu se placer au centre du jeu mettant en exergue qu'il était jusqu'au mois de mai le seul à avoir "l'onction" du suffrage universel.

L'initiative présidentielle intervient alors que le président est plus que jamais en butte à des sondages catastrophiques. Selon deux enquêtes d'opinion publiées mercredi, 88% des Français ne souhaitent pas qu'il se représente (Elabe). Et s'il concourrait, il serait dans tous les cas de figure éliminé dès le 1er tour, avec seulement 11 à 15 % d'intentions de vote (TNS-Sofres).

Saluée par Manuel Valls qui a loué "un Président, incarnation du suffrage universel" dessinant "la France avec un souffle nouveau", l'intervention de Hollande a été aussitôt raillée par le porte-parole de Nicolas Sarkozy Eric Ciotti. "Les Français attendaient un chef de guerre, ils ont retrouvé un médiocre chef de parti", a lancé ce dernier dans un tweet.

Avec AFP et Reuters