Deux attentats visant les forces de police et l’armée dans le sud-est de la Turquie ont tué sept personnes jeudi. Les attaques n’ont pas été revendiquées mais les autorités accusent les séparatistes kurdes.
Après quelques semaines de calme relatif à la suite du putsch manqué en Turquie, deux attentats ont, à quelques heures d’intervalle jeudi 18 août, visé les forces de sécurité turques dans le sud-est du pays, tuant sept personnes.
En début de matinée, à l'heure où de nombreux policiers commencent leur journée de travail, un attentat à la voiture piégée a visé le siège de la police dans la
ville d'Elazig. Trois policiers sont morts dans l’attentat, qui a également fait au moins 145 blessés, dont des dizaines de civils. Bastion nationaliste turc, la ville d’Elazig avait jusqu'à présent été épargnée par les ravages du conflit kurde.
Le régime accuse les séparatistes kurdes
Le Premier ministre turc Binali Yildirim rendu sur place accompagné de plusieurs ministres et du chef de l'armée. Il a pointé du doigt le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). "Il n'y a aucune doute qu'il s'agit de l'œuvre de l'organisation terroriste (...) Aucun mouvement terroriste ne peut faire céder le peuple turc", a martelé le dirigeant devant la presse sur les lieux de l'explosion qui a provoqué des dégâts considérables.
Quelques heures plus tard, un convoi militaire a été visé à Bitlis, également dans le sud-est de la Turquie. Trois soldats et un membre d'une milice d'autodéfense soutenue par l'État ont été tués dans l’explosion d’une bombe qui a blessé sept militaires. Aucun groupe n'a revendiqué l'attaque mais le Premier ministre turc soupçonne, là encore, des séparatistes kurdes du PKK.
Ces attentats de jeudi font suite à d’autres attaques : dans la nuit de mercredi à jeudi, à Van, un attentat à la voiture piégée, également attribué au PKK, a ainsi tué trois personnes, deux civils et un policier. Grande ville à population mixte kurde et turque, Van avait également jusque-là été relativement épargnée par les violences. Mais déjà lundi dernier, cinq policiers et trois civils avaient été tuées dans un attentat à la voiture piégée du PKK contre un poste de police sur une autoroute de Van.
Le gouvernement s'est engagé à poursuivre ses opérations pour éliminer le PKK de l'est de la Turquie bien que l'armée soit affaiblie par la purge massive, qui touche également d'autres institutions, à la suite du coup d'État manqué.
Depuis la fin du cessez-le-feu entre forces gouvernementales et rebelles kurdes en 2015, les attaques contre les forces de sécurité turques se multiplient dans l’est de la Turquie. Des centaines de policiers et de militaires ont été tués.
Plus de 40 000 personnes ont été tuées depuis que le PKK a pris les armes en 1984 pour obtenir la création d'un État kurde indépendant dans l'est de la Turquie. À présent, les revendications du PKK portent principalement sur les droits de l'importante minorité kurde et sur l'obtention d'une autonomie pour les régions habitées par les Kurdes.
Le PKK est considéré comme un groupe terroriste par la Turquie, l'Union européenne et les États-Unis.
Avec AFP et Reuters