
Désireux d'obtenir une aide du Congrès, les dirigeants de Ford, GM et Chrysler ont avoué avoir commis des "erreurs" de gestion. Le président Bush voudrait, quant à lui, que les trois constructeurs fournissent des preuves de leur viabilité.
AFP - Recalés le mois dernier au Congrès, les dirigeants des trois grands groupes automobiles américains, qui espèrent arracher une aide de 34 milliards de dollars, ont avoué jeudi des "erreurs" de gestion devant des parlementaires toujours sceptiques.
"Nous sommes ici aujourd'hui car nous avons fait des erreurs", a reconnu Rick Wagoner le président de General Motors (GM) faisant allusion au maintien d'un modèle économique dépassé, lors d'une audition devant la Commission bancaire du Sénat qui a duré près de six heures.
De son côté, le président de la commission Chris Dodd a conclu: "il y a un consensus sur le fait que la faillite et l'inaction ne sont pas la solution".
"Nous allons tenter (...) de les remettre sur pied et de le faire intelligemment", a-t-il dit en évoquant le vote d'un possible plan de sauvetage pour GM, Ford et Chrysler.
Les républicains et l'administration Bush y restent opposés, préférant utiliser une première aide de 25 milliards déjà votée en septembre.
M. Bush a jugé impératif jeudi sur la chaîne NBC que les trois constructeurs apportent la preuve de leur viabilité à long terme pour bénéficier d'une aide publique, "peu importe leur poids" dans l'économie.
M. Wagoner, ainsi que les patrons de Ford, Alan Mulally, et de Chrysler, Robert Nardelli, ont assuré qu'ils accepteraient de travailler avec un comité de surveillance.
Face aux trois patrons, M. Dodd, a déclaré: "les plans soumis par ces entreprises ne sont en aucun cas parfaits, mais je pense qu'ils représentent un engagement en faveur de la réforme nécessaire que Détroit doit adopter".
Mais le républicain Richard Shelby, qui siège aussi à la commission, a prévenu d'emblée qu'il allait s'"opposer au plan d'aide".
L'audition des trois PDG intervient plus de deux semaines après une première prestation catastrophique et des plans de restructuration jugés "non viables".
"Notre but était autrefois simplement d'être compétitifs. Maintenant, nous nous engageons à dépasser les attentes de nos clients en terme de qualité, d'économie de carburant, de sécurité et de prix", a promis M. Mulally.
M. Nardelli s'est engagé pour sa part "à produire des véhicules moins gourmands en énergie", avant de commencer à rembourser le prêt gouvernemental en 2012.
Vendredi, cela sera au tour de la Commission des services financiers de la Chambre des représentants d'auditionner les trois dirigeants.
Les démocrates, qui bénéficieront seulement en janvier de leur majorité renforcée par les élections du 4 novembre, entendent pousser les "Big Three" à s'engager sur un plan réaliste de retour à la rentabilité, dans l'espoir d'obtenir un consensus sur un vote.
Le parti du président élu Barack Obama souhaite ponctionner à cette fin le plan de recapitalisation des banques de 700 milliards de dollars voté en octobre.
En cas de compromis sur un vote, le Congrès reviendrait en session la semaine prochaine.
General Motors, réclame jusqu'à 18 milliards de dollars. Ford a demandé une ligne de crédit de 9 milliards de dollars, qu'il espère ne pas avoir à toucher. Chrysler table sur un prêt de 7 milliards.
Mais le chef économiste de l'agence de notation financière Moody's, Mark Zandi, a estimé jeudi devant la commission que le véritable coût du plan de sauvetage automobile pourrait atteindre 75 à 125 milliards de dollars.
De son côté, l'analyste automobile Gregg Lemos Stein de Standard & Poor's, a affirmé à l'AFP qu'il y avait "une forte possibilité de faillite de l'un des trois constructeurs, même s'ils obtiennent des fonds publics".
Les trois patrons, critiqués pour avoir utilisé leurs avions privés en novembre, se sont cette fois rendus à Washington en voiture depuis Détroit (Michigan, nord), soit 800 kilomètres, et repartiront de même.