Est-il possible de remporter l'Euro sans jamais n'avoir gagné un match dans le temps réglementaire ? C'est en tout cas le défi que semble s'être lancé le Portugal, vainqueur de la Pologne aux tirs aux buts, jeudi soir, au terme d'une nouvelle soirée à suspense (1-1, 3-5 tab).

Face à des Polonais séduisants, les coéquipiers de Cristiano Ronaldo se sont fait peur, très peur. Comme en huitièmes, où un but de Nani avait sauvé les Lusitaniens face à la Croatie à la 117^e minute. Et comme lors des trois premiers matchs de leur poule, tous conclus par des nuls peu rassurants. Cinq rencontres, aucune victoire, aucune défaite... Champion des égalités, le Portugal sera bel et bien au rendez-vous du dernier carré.

À l'image de l'équipe de France face à l'Irlande, dimanche 26 juin, les hommes de Fernando Santos ont pourtant réalisé une entame de match catastrophique. Absents des duels, dominés dans l'impact par des Polonais mieux réveillés, ils ont payé cash leur première erreur du match, signée Cédric. Le latéral portugais est totalement passé à travers sur une transversale de Piszczek, laissant le champ libre à Grosicki, qui a délivré une merveille de centre pour Lewandowski. Le numéro 9 de la Pologne n'a eu qu'à conclure d'un plat du pied, du droit, au point de pénalty (1-0, 2^e).

La Pologne bien regroupée

Une entrée en matière qui a permis au bloc polonais de reculer pour mieux prendre en contre ce Portugal terriblement maladroit. Les Lusitaniens ont tout de même profité des quelques largesses de ce bloc bas, notamment par Cédric, côté droit, qui a trouvé Cristiano Ronaldo dans la surface. La frappe de la star du Real Madrid a finalement été contrée par un pied polonais (11^e).

En face, la Pologne a joué crânement sa chance. Coup sur coup, sur deux contres éclair, ils ont même failli alourdir la note. Milik, tout d'abord, a flirté avec le cadre de Rui Patricio, mais a vu sa frappe terminer sa course en sortie de but (15^e).

Puis c'est Lewandowski qui s'est trouvé seul au duel avec Pepe, plein axe, mais l'attaquant du Bayern Munich a décoché un tir trop écrasé, que Rui Patricio a parfaitement capté (17^e).

Renato Sanches, buteur précoce

Cinq minutes plus tard, les Polonais se sont de nouveau mis en évidence. En conclusion d'une superbe percée plein axe, Milik n'a pas réussi à se défaire de Pepe avant de frapper au but. L'expérimenté défenseur central, d'une belle extension, a repoussé du bout du pied une tentative qui semblait cadrée (22^e).

Les Lusitaniens, dominés de la tête et des épaules, ont bien tenté de s'en remettre à leur numéro 7. Malheureux sur une frappe aux 20 mètres qui a trouvé les gants de Fabianski (29^e), Cristiano Ronaldo l'a de nouveau été deux minutes plus tard, lorsqu'il a été bousculé irrégulièrement dans la surface, sans obtenir le soutien du corps arbitral (31^e).

Et c'est finalement le futur du Portugal qui a réussi à dynamiter la défense adverse. Renato Sanches, 18 ans, a confirmé ses bonnes intentions du début de rencontre. Après s'être appuyé sur Nani, en relais dans la surface, la jeune recrue du Bayern Munich a décoché une grosse frappe du gauche. Détourné par le dos de Krychowiak, le cuir a terminé dans les filets d'un Fabianski totalement battu (1-1, 34^e). Une égalisation qui a eu le mérite de galvaniser les Portugais, qui ont beaucoup mieux terminé le premier acte qu'ils ne l'avaient commencé.

Cristiano Ronaldo passe au travers

Au retour des vestiaires, pourtant, ce sont les Polonais qui ont repris la maîtrise des débats, sans toutefois se montrer tout de suite dangereux. Et Cristiano Ronaldo, lui, a continué à traverser cette rencontre comme une ombre…

Parfaitement lancé dans la surface côté gauche, il a inexplicablement gâché une balle de but en trouvant le petit filet extérieur de Fabianski sur une frappe du gauche pourtant largement à sa portée (55^e).

Même constat cinq minutes plus tard. À la réception d'un centre au cordeau de Nani, CR7 a totalement manqué sa reprise au point de pénalty, alors que le but lui était grand ouvert (60^e).

Puis, lentement, le jeu des deux sélections s'est délité… En dehors de quelques tentatives de part et d'autre, sans grand danger toutefois, les vingt minutes qui ont suivi n'ont pas soulevé les passions de ce Stade Vélodrome gagné par le stress et l'inquiétude.

Les Polonais ont tout le même eu droit à deux derniers frissons dans le temps réglementaire, lorsque Jedrzejczyk a failli détourner une passe de Pepe dans son propre but (81^e), puis surtout lorsque Cristiano Ronaldo s'est retrouvé seul au point de pénalty, sur une ouverture lumineuse de Moutinho plein axe. La star madrilène, décidément pas dans un grand jour, a tout bonnement frappé à côté du ballon (85^e).

Quaresma délivre les siens

C'est de nouveau lui qui a eu l'occasion de faire basculer la rencontre, en tout début de prolongation. Servi par Eliseu, bien lancé côté gauche, Cristiano Ronaldo n'a pas réussi à reprendre le centre de son latéral puis, dans la foulée, la frappe de Renato Sanches a été contrée par la défense polonaise (91^e).

Des Polonais qui, visiblement usés, ont fait le dos rond durant une bonne partie de cette demi-heure supplémentaire et laissé le contrôle du ballon au Portugal. Sur un contre, Milik a tout de même pris sa chance, mais sa frappe est passée tout près de la cage de Rui Patricio (100^e).

Et c'est finalement au bout du suspense que le Portugal a arraché sa qualification, au terme d'une irrespirable séance de tirs aux buts disputée devant le kop des supporters polonais. Une pression qui a eu raison de Blaszczykowski, qui a vu sa tentative magistralement sauvée par Rui Patricio sur sa gauche. Et au moment de conclure, Quaresma n'a pas craqué, faisant basculer les milliers de supporters portugais dans l'ivresse de la victoire.

Mais si l'heure est à la célébration côté lusitanien, CR7 et consorts ont encore bien du travail s'ils souhaitent prétendre au sacre continental. Difficile d'imaginer qu'avec le niveau de jeu observé ce soir, les hommes de Fernando Santos soulèvent le trophée le 10 juillet prochain. En théorie du moins…

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