
Quelque 967 000 électeurs de Loire-Atlantique sont appelés à se prononcer dimanche pour ou contre le transfert de l'actuel aéroport de Nantes à Notre-Dame-des-Landes. L'exécutif s'est engagé à suivre le résultat de ce référendum.
Oui ou non à un aéroport à Notre-Dame-des-Landes ? Près d'un million d'habitants de Loire-Atlantique, dans l'ouest de la France, devaient se prononcer dimanche 26 juin sur l'avenir de ce projet controversé, lors d'une consultation unique en France.
Les 967 500 personnes inscrites sur les listes électorales dans le département pouvaient jusqu'à 18h, et peuvent encore jusqu'à 20h à Nantes, répondre par "oui" ou par "non" à la question : "Êtes-vous favorable au projet de transfert de l'aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes ?". Le résultat, connu dimanche soir, devra décider des suites à donner à ce projet d'aéroport, esquissé dans les années 1960, et déclaré d'utilité publique en 2008.
À Nantes, la participation atteignait 31,88% à 16h.3 À Notre-Dame-des-Landes, à une vingtaine de kilomètres au nord, elle atteignait 65 à 70% à la même heure, selon le maire (sans étiquette) de la commune de 2 000 habitants, Jean-Paul Naud.
La majeure partie des 1 051 bureaux de vote répartis sur les 212 communes du département ont fermé à 18h. Ils resteront ouverts jusqu'à 19h dans plusieurs communes de l'agglomération de Nantes et jusqu'à 20h à Nantes elle-même.
En cas de victoire du "non", le projet sera "abandonné", en cas de victoire du "oui", les travaux débuteront "dès l'automne prochain", a réaffirmé le Premier ministre Manuel Valls à deux reprises, à l'Assemblée nationale mardi et au Sénat jeudi.
Scrutin un peu "particulier"
Première du genre en France, cette consultation locale avait été annoncée le 11 février par François Hollande, à l'occasion du retour au gouvernement de plusieurs écologistes. L'idée de l’exécutif était de sortir du "blocage" de ce dossier, vieux de plus de cinquante ans, et qui empoisonne depuis le début de son quinquennat les relations entre le Parti socialiste et Europe Écologie-Les Verts (EELV).
Pour organiser ce scrutin un peu "particulier", qui ne nécessite pas un seuil minimum de 50 % de participation pour être validé, l'exécutif a dû prendre une ordonnance modifiant le Code de l'environnement. Taillée sur mesure pour Notre-Dame-des-Landes, elle donne aussi la capacité au gouvernement de lancer, sur d'autres projets, des scrutins similaires, et convoquer les électeurs par décret.
La consultation n'a pas fait l'objet d'une campagne officielle et il ne devait pas y avoir de commission de contrôle pour veiller au bon déroulement du vote dans chacun des bureaux.
Ne respecter qu’une seule victoire, celle du "non"
Dénonçant une consultation "biaisée" et "illégitime", notamment en raison de son périmètre réduit à la seule Loire-Atlantique, réputée plus favorable au "oui", des associations et des particuliers ont tenté de faire annuler le scrutin par le Conseil d'État. Mais ce dernier l'a déclaré conforme, lors de deux décisions, lundi et mercredi.
Des responsables politiques, d'EELV et du Parti de gauche, et les associations opposées de longue date au projet, ont annoncé qu'ils ne respecteraient qu'un seul résultat, la victoire du "non".
Même si peu favorable à l'origine à ce "référendum" consultatif, qui vient après la validation de toutes les procédures, le camp du "oui", collectivités locales en tête, a exhorté à une mobilisation massive dimanche. Dans le collimateur du camp pro-Notre-Dames-des-Landes : les "zadistes", ces occupants anticapitalistes de la "Zone d'aménagement différé" prévue pour l'infrastructure, et que ces derniers ont rebaptisée "Zone à défendre".
Des travaux jamais démarrés.
"L'Aéroport du Grand Ouest", dont la concession a été attribuée en décembre 2010 au groupe de BTP Vinci pour une durée de cinquante-cinq ans, devait initialement accueillir ses premiers avions en 2017. Les travaux n'ont jamais démarré.
Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, ancien maire PS de Nantes et l'un des plus fervents défenseurs de ce projet, avait bien tenté à l'automne 2012 d'expulser les occupants de la ZAD [pour zone d'aménagement différé], lors de l'opération "César", mais celle-ci avait été suspendue pour mettre en place une commission du dialogue. Cette dernière avait conclu à l'utilité du projet, tout en recommandant des améliorations, notamment sur le plan des mesures de compensation environnementales.
Avec AFP