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Turquie : le nouveau chef de l'AKP, Binali Yildirim, chargé de former un gouvernement

En Turquie, Erdogan change de numéro 2 : le ministre des Transports, Binali Yildirim, a été désigné chef de l'AKP lors d'un congrès du parti, dimanche, avant d'être chargé de former un gouvernement à la place d’Ahmet Davutoglu, qui a démissionné.

L’ex-ministre des Transports turc Binali Yildirim, fidèle du président, Recep Tayyip Erdogan, a été formellement élu, dimanche 22 mai, chef du Parti de la justice et du développement (AKP), lors d’un congrès extraordinaire du parti islamo-conservateur au pouvoir. Il a ensuite été chargé de former un nouveau gouvernement afin de remplacer celui du précédent Premier ministre, Ahmet Davutoglu, qui a démissionné.

Lors du congrès, le vote des délégués du parti n’a laissé aucune place à la surprise, Binali Yildirim étant seul candidat. Son élection et son statut de futur Premier ministre renforcent encore l'emprise d’Erdogan sur l'appareil d'État.

Sa principale mission sera d’ailleurs de mener à bien le projet de changement constitutionnel voulu par Erdogan afin de présidentialiser le régime politique turc.

Des milliers de militants exaltés se sont massés à l'intérieur et à l'extérieur d'une salle de sports de la capitale turque pour assister à ce congrès, véritable démonstration de force du président. Ce dernier a fait diffuser un message dans lequel il a affirmé que ses liens avec le parti qu'il a fondé en 2001 et dirigé jusqu'en 2014 avant d'être élu à la magistrature suprême n'ont jamais été rompus.

Les cadres de l'AKP ont aussi renouvelé leur allégeance. "L'AKP est le parti de Tayyip. Cette formation n'a qu'un seul leader qui est Tayyip Erdogan", a ainsi lancé Bekir Bozdag, le ministre de la Justice, lors d'un discours.

"Un rôle d’adjoint d’Erdogan"

Immédiatement après sa nomination par son parti, Binali Yildirim s’est aussi placé sous le patronage d’Erdogan en assurant qu'il n'y aurait aucun désaccord avec le chef de l'État. Il succède à Ahmet Davutoglu dont le départ, qui ne relevait pas de son "choix", a eu lieu à la suite de tensions croissantes avec l’exécutif.

Ministre des Transports presque sans discontinuer depuis 2002, Binali Yildirim a été le maître d'œuvre des grands projets d'infrastructure voulus par Erdogan.

Les milliers de kilomètres d'autoroutes, le troisième aéroport d'Istanbul, le troisième pont entre les rives asiatique et européenne d'Istanbul, le tunnel sous le Bosphore, le train à grande vitesse, tous ces projets ont été menés par cet ingénieur en construction navale, né en 1955 à Erzincan (est), une province de l'Anatolie profonde qui a contribué à porter l'AKP au pouvoir en 2002.

"M. Yildirim pourrait être le dernier Premier ministre de Turquie (...) Il n'occupera qu'un rôle d'adjoint du président Erdogan dans le système (présidentiel) qu'il veut établir", a commenté le politologue Gökhan Bacik. Une perspective de concentration croissante du pouvoir qui inquiète ceux qui l'accusent de dérive autoritaire.

Avec AFP