
Le Parlement grec a adopté des réformes controversées de la fiscalité et des retraites, mais réclamées par les créanciers de l’UE et du FMI, à quelques heures d'une importante réunion à Bruxelles de l'Eurogroupe sur la Grèce prévue ce lundi.
Les Grecs vont à nouveau devoir se serrer la ceinture. Le Parlement grec a adopté, dans la nuit du dimanche 8 au lundi 9 mai, les nouvelles réformes des retraites et de la fiscalité réclamées par les créanciers internationaux, sur fond de manifestations et à quelques heures d'une réunion des pays de la zone euro sur la Grèce.
À l'issue de deux jours de débats, les 153 députés de la majorité gouvernementale, composée de la gauche Syriza et du parti des Grecs indépendants, Anel, ont voté dans la nuit en faveur de cette loi intitulée "un système unifié de sécurité sociale, réforme du système des retraites et règlement de l'impôt sur le revenu".
Tous les partis de l'opposition, dont la droite de la Nouvelle démocratie, ont voté contre ce texte qui prévoit la réduction des retraites les plus élevées, la fusion des multiples caisses d'assurance, l'augmentation des cotisations, des taxes et de l'imposition surtout pour les moyens et hauts revenus.
"Maintenant, il va falloir voter les lois d’application de ces réformes : concrètement, les lois de cotisations et les nouveaux impôts. Et là, la coalition gouvernementale risque de voir des défections parce que ces réformes sont controversées dans le pays qui en est à sa sixième année de tutelle budgétaire du FMI et de l’UE et à sa septième année de récession", rappelle Alexia Kefalas, correspondante de France 24 en Grèce.
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Un "aménagement possible" de la dette
Lors de ce vote, le gouvernement de gauche d'Alexis Tsipras a su maintenir la fragile cohésion de sa majorité parlementaire. Il espère que cette réforme, adoptée juste avant l’ouverture d’une réunion, lundi à Bruxelles, des ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe), contribuera à ouvrir enfin le débat sur l'épineuse question du règlement de la dette.
Cette réunion extraordinaire survient alors que les réformes exigées en contrepartie de l'aide financière massive, octroyée à l'été 2015, n'ont toujours pas reçu de satisfecit des créanciers après dix mois de discussions, ce qui bloque tout nouveau versement. La réforme des retraites s'inscrit donc dans la logique des efforts du gouvernement pour s'aligner sur les exigences des créanciers qui demandent des économies de 5,4 milliards d'euros d'ici 2018.
La Grèce a "pratiquement atteint" ses objectifs de réformes voulues par ses créanciers et l'Eurogroupe va mener de "premières discussions" sur un aménagement possible de la dette du pays, a affirmé le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, dans un entretien paru dimanche en Allemagne. Ce dernier a toutefois rappelé qu'une réduction pure et simple de la dette n'est pas à l'ordre du jour.
Un texte dénoncé par les syndicats
Les syndicats ont dénoncé un texte et ont appelé à manifester ces trois derniers jours. Au total 26 000 personnes selon la police ont manifesté dimanche à Athènes et Thessalonique, dans le nord du pays. Dimanche soir, aux abords du Parlement sur la place Syntagma, à Athènes, de brefs incidents ont opposé un groupe de jeunes et des policiers qui ont tiré des gaz lacrymogènes.
La mobilisation était toutefois moins importante que lors de la dernière grande manifestation contre cette réforme, le 4 février, où 50 000 personnes avaient manifesté dont 40 000 à Athènes.
Avec AFP