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Le procès de la cellule jihadiste de Verviers s’ouvre à Bruxelles

Le procès de la cellule jihadiste de Verviers, en Belgique, s'ouvre lundi pour trois semaines devant le tribunal correctionnel de Bruxelles. Ce groupe terroriste est soupçonné d'être à l'origine des attentats de Paris et de la capitale belge.

La cellule jihadiste de Verviers, en Belgique, est-elle la matrice des attentats de Paris et Bruxelles ? C’est ce que va essayer de déterminer durant trois semaines le tribunal correctionnel de Bruxelles où s’ouvre, lundi 9 mai, un procès retentissant.

Seize membres présumés de cette cellule comparaîssent pour avoir été membres ou dirigeants d'une organisation terroriste. Neuf prévenus, en fuite, ne sont pas présents aux audiences qui se tiennent dans un palais de justice de Bruxelles placé sous haute sécurité après les attaques, revendiquées par l’organisation État islamique, qui ont fait 32 morts à l'aéroport et dans le métro de la capitale belge le 22 mars.

La cellule jihadiste de Verviers a été démantelée le 15 janvier 2015, quelques jours après les attentats de Charlie Hebdo et de l'Hypercacher, par les forces spéciales de la police belge appuyées par les gendarmes français du GIGN. L'ombre d'Abdelhamid Abaaoud, tué lors d'un assaut policier à Saint-Denis, en banlieue parisienne et soupçonné d'avoir joué un rôle central dans les attentats du 13 novembre 2015 à Paris (130 morts), planera sur ce procès, qui commencera par l'interrogatoire des prévenus. Abaaoud, rendu tragiquement célèbre par des vidéos le montrant commettre des atrocités en Syrie, était, selon le parquet belge, le "chef" de cette cellule.

Le procès de la cellule jihadiste de Verviers s’ouvre à Bruxelles

"L'hypothèse selon laquelle Verviers est le dossier souche des attentats de Paris fait partie" des pistes examinées par la justice française, expliquait récemment au quotidien Le Monde une source proche de l'enquête.

Marouane El Bali, survivant de l'assaut de Verviers : élément essentiel ou petite main ?

Quatre des 16 prévenus sont actuellement incarcérés, dont Marouane El Bali, 26 ans, le seul des trois jihadistes ayant survécu à l'assaut du janvier 2015. Ce protagoniste essentiel de l'affaire devra également répondre de tentative de meurtre aggravé pour avoir tiré sur les policiers lors de l'assaut, ce qui est vivement contesté par sa défense, tout comme son rôle supposé de dirigeant.

Les membres de la cellule jihadiste n'ont pas hésité à ouvrir le feu sur la police lorsqu'elle a donné l'assaut. L'intervention s'est soldée par la mort de deux des trois occupants de la maison de Verviers, Sofiane Amghar et Khalid Ben Larbi.

"Marouane El Bali a toujours affirmé qu’il était là par hasard, qu’il n’avait pas répondu aux tirs de la police donnés lors de l’assaut", rapporte Kattalin Landaburu, correspondante de France 24 à Bruxelles. "Autant d’allégations qui sont contestées par les enquêteurs, qui rappellent qu’il avait apporté le jour même dans cet appartement une Kalachnikov et qu’il était selon eux le commanditaire principal d'attentats en préparation."

"[Marouane El Bali] était la petite main et n'était absolument pas au courant de l'un ou l'autre projet d'attentat" (à Paris ou Bruxelles), a pour sa part déclaré son avocat, Sébastien Courtoy.

Le procès de la cellule jihadiste de Verviers s’ouvre à Bruxelles

À ses côtés, Omar Damache, un Algérien interpellé à Athènes à l'adresse où les policiers pensaient avoir localisé Abaaoud, Mohamed Arshad (qui était allé chercher en France et en Allemagne les deux jihadistes tués à Verviers), ainsi que Souhaib El Abdi et son frère Ismaël (qui comparaîtra libre), tous deux interpellés le lendemain de l'assaut de Verviers à la frontière franco-italienne.

Les 11 autres, de nationalité belge, marocaine, néerlandaise ou française, ont soit été remis en liberté au fil de l'instruction, soit n'ont jamais été interpellés, certains, suspectés d'être en Syrie, étant visés par un mandat d'arrêt international.

Une haute autorité belge dans le viseur des jihadistes ?

Les autorités belges ont accusé la cellule de Verviers, dont plusieurs membres étaient originaires de Molenbeek (Bruxelles), d'avoir planifié un attentat contre des policiers. Le patron du GIGN, Hubert Bonneau, cité par l'hebdomadaire Le Point, a confié récemment que "l'idée des terroristes était d'enlever une haute autorité belge et de la décapiter pour mettre les images sur les réseaux". Pour le quotidien populaire belge Het Laaste Nieuws, la cible était "un magistrat" ou une "personne ayant une haute responsabilité au sein de la police".

Selon le quotidien francophone Le Soir, des plans d'aéroports ont par ailleurs été découverts dans la planque présumée d'Abaaoud à Athènes, tandis qu'à Verviers ont été retrouvés des fusils d'assaut AK47, des chargeurs et du produit servant à fabriquer du TATP, l'explosif artisanal ayant servi à Paris et Bruxelles.

Les membres de la cellule avaient évoqué leurs projets alors que la planque était sous écoute, ce qui a permis leur neutralisation et probablement d'éviter un bain de sang.

Avec AFP