Un mois après l'expulsion par le Maroc de membres de l'ONU stationnés au Sahara occidental, l'Union africaine a critiqué ces mesures et déploré "qu'aucun progrès n'ait été accompli" sur l'organisation d'un référendum d'autodétermination.
L'envoyé spécial de l'Union africaine pour le Sahara occidental, Joaquim Chissano, a pressé mardi 26 avril l'ONU de résoudre ce conflit et a critiqué les mesures prises par Rabat envers la mission de l'ONU (Minurso).
Irrité par des propos du secrétaire général Ban Ki-moon sur "l'occupation" du territoire par le royaume chérifien, Rabat a expulsé en mars 84 membres civils de la mission, les empêchant ainsi de remplir leur mandat.
Un mois après ce départ, Joaquim Chissano a "déploré" ces expulsions estimant qu'elles "constituaient un très dangereux précédent" pour d'autres missions de paix de l'ONU. "Le Sahara occidental peut apparaître comme un petit problème mais n'oublions pas qu'une étincelle peut mettre le feu à la forêt", a fait valoir l'ancien président mozambicain.
S'exprimant lors d'une réunion informelle du Conseil de sécurité convoquée par l'Angola et le Venezuela, alors que le Conseil doit renouveler avant fin avril le mandat de la Minurso, Joaquim Chissano s'est dit "consterné" par cette querelle. Il a souligné "la frustration croissante dans les camps de réfugiés" sahraouis et les risques d'accroissement des tensions régionales.
L'envoyé spécial de l'Union africaine pour le Sahara occidental a également déploré "qu'aucun progrès n'ait été accompli" sur l'organisation d'un référendum d'autodétermination du territoire, une des tâches assignées à la Minurso. "Il faut donner au peuple du Sahara occidental l'occasion de choisir librement son destin", a-t-il insisté.
Autonomie ou autodétermination
Pour Joaquim Chissano, le Conseil de sécurité devrait inclure la protection des droits de l'Homme dans le mandat de la Minurso, fixer une date pour tenir le référendum et dénoncer "l'exploitation illégale des ressources naturelles" du territoire par le Maroc. Il estime que l’Union africaine doit avoir un "rôle dirigeant" de l'Union africaine pour résoudre le conflit, alors que Rabat la juge partiale.
Le Maroc a pris le contrôle de la majeure partie du Sahara occidental en 1975 lorsque la puissance coloniale, l'Espagne, s'en est retirée, ce qui a poussé le Polisario à mener une guérilla jusqu'en 1991, année où l'ONU a réussi à obtenir un cessez-le-feu et a déployé la Minurso.
Rabat, qui a quitté en novembre 1984 l'Organisation de l'unité africaine, l'ancêtre de l'Union africaine, pour protester contre l'admission de la République arabe sahraouie démocratique proclamée par le Polisario, propose depuis 2007 une large autonomie sous sa souveraineté pour ce vaste territoire peu peuplé mais riche en minéraux. De son côté, le Polisario, soutenu par Alger, réclame un référendum d'autodétermination.
Avec AFP