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"Pourquoi réagissons-nous différemment aux attentats de Bruxelles et Lahore ?"

Au menu de cette revue de presse internationale, mardi 29 mars, la polémique sur les ratés de la lutte anti-terroriste en Belgique, une semaine après les attentats de Bruxelles, la différence entre le traitement médiatique de ces attaques et celle de Lahore, perpétrée dimanche. Et les limites du double jeu face à l'extrémisme.

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On commence cette revue de presse en Belgique, en pleine polémique sur les ratés de l’anti-terrorisme, une semaine après les attentats de Bruxelles. "Police et justice : les erreurs des enquêtes", titre le quotidien belge "Le Soir", qui explique que ces attaques ont "révélé au grand jour des défaillances en matière d’information". Services de renseignement défaillants, agissant chacun de leur côté, et qui n’ont, par exemple, pas accès aux mêmes bases de données, manque de communication manque d’anticipation, le journal égrène les failles de la lutte anti-terroriste belge,  racontant notamment qu’un agent de police avait envoyé en décembre dernier un rapport à sa direction, dans lequel il indiquait que la rue des Quatre Vents, à Molenbeek, pouvait servir de planque à Salah Abdeslam, l’un des auteurs présumés des attentats de Paris - là-même où il a été interpellé le 18 mars. Une information capitale, donc, mais que sa hiérarchie n’aurait pas jugé bon de transmettre au parquet de Bruxelles.
Au-delà de la polémique, l’émotion reste immense. Si "La Libre Belgique" salue les marques de solidarité venues du monde entier, notamment la décision de la mairie de Paris d’illuminer la Tour Eiffel aux couleurs belges, le journal se demande pourquoi la municipalité n’a pas fait de même après l’attentat de Lahore, qui a fait au moins 72 morts, dimanche, pourquoi la Tour Eiffel ne s’est pas illuminée aux couleurs du Pakistan. D’après la "Libre Belgique", la mairie de Paris a expliqué qu’"i l y a des attentats régulièrement dans le monde et (que la capitale rendait) hommage aux victimes de différentes manières ", ajoutant que "les attentats de Bruxelles (avaient) une portée très particulière car (Paris a) un lien exceptionnel" avec la capitale belge. "Pourquoi réagissons-nous différemment à un attentat à Lahore ou à Ankara, et un attentat à Bruxelles ?é, tente de comprendre The Independent, qui justifie la différence de couverture médiatique par des raisons pratiques : il est évidemment plus facile, pour des médias européens, de couvrir Bruxelles que le Pakistan, expliquant que si l’opinion perçoit ces attentats différemment, c’est parce qu’elle est mue par la peur, et par un "racisme plus ou moins conscient". "Ce qui s’est passé à Bruxelles s’est déroulé dans un cadre familier, et suscite cette réaction : si c’est arrivé là, alors cela peut nous arriver aussi" : "les signes de solidarité exprimés envers les Belges sont plus une façon de gérer cette peur qu’une expression d’une empathie à leur égard", explique le journal, qui juge qu’"affirmer qu’écrire ou lire davantage sur Bruxelles ou Paris que sur Ankara ou Lahore est une marque de racisme ou d’indifférence est simpliste et absurde".
La presse internationale revient d’ailleurs largement ce matin sur la tragédie qui endeuille Lahore. À la une du "Wall Street Journal", la détresse des victimes et de leurs proches, dans un hôpital de la ville, et l’immense douleur des familles, à la une du "Guardian", qui montre la mère d’un jeune garçon assassiné dimanche. La douleur face à ce que le journal pakistanais "Dawn" qualifie d’actes "si choquants et grotesques que l’esprit lutte pour tenter de les comprendre". "Le terrorisme, écrit le journal, vient encore de frapper le Pakistan. Mais cette fois, il a tenté de déchirer le cœur même de ce qui fabrique l’humanité. Un parc d’attractions bondé un dimanche de Pâques, rempli de familles, musulmanes et non-musulmanes". "C’est la guerre, mais cette guerre ne sera gagnée que lorsque les militaires et le pouvoir civil auront appris à lutter ensemble".
Bruxelles, Lahore, Palmyre. "The Guardian" s’interroge sur la concomitance des récents attentats et la défaite des djihadistes dans la ville syrienne. Est-ce parce que l’organisation État islamique est plus que jamais menacée dans ses fiefs qu’elle multiplie les attaques ? La lutte qui a été engagée contre elle est-elle sur le point d’atteindre un tournant ? Le journal dit son espoir de voir les régimes qui ont trop longtemps joué avec le feu, en laissant prospérer les groupes terroristes pour mieux asseoir leur pouvoir, se décider à rompre avec cette stratégie. "Cela semble être le cas de Bachar al-Assad. Mais au Pakistan, prévient The Independent, ce double jeu est enraciné beaucoup plus profondément".
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