
À défaut d'être parvenus à prouver son existence, les cryptozoologues et autres passionnés du "sasquatch" nous ont laissé de chouettes témoignages photographiques.
Vous ne le savez peut-être pas, mais il se peut que votre premier contact avec Bigfoot remonte à la lecture de "Tintin au Tibet", album dans lequel le héros d’Hergé décide de partir à la recherche de son ami Tchang, porté disparu dans les montagnes de l’Himalaya après le crash de son avion.
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Souvenez-vous, au cours de son expédition, Tintin croise la route du yéti, ce monstre des neiges issu du folklore de la région. Malgré sa réputation de bête sanguinaire, il aura pris soin du brave Tchang et fait preuve d'une étonnante compassion. Nous laissant, dans la foulée, éprouver une certaine tendresse pour lui.
Bigfoot, lui, occupe selon la légende les grandes chaînes de montagnes et les régions boisées du nord des États-Unis et du Canada. En réalité, il serait l’équivalent américain du yéti, spécifique du folklore de la région himalayenne. Un genre de cousin des forêts, en somme.
Surnommé "sasquatch" au Canada, il fut, depuis sa première "observation" dans les années 1920, toujours représenté comme une bête de grande taille, couverte de poils et, surtout, bipède. À mi-chemin entre l’homme et le singe, il se cacherait outre-Atlantique dans cette nature boisée et rocailleuse, se nourrissant d’animaux sauvages et évitant le contact avec l’homme.
Depuis près d'un siècle, ce bon gros géant n’a cessé de fasciner, hissé dans certaines régions au rang de mascotte locale. Mais si les témoignages relatifs à cette créature se comptent aujourd’hui par dizaines, aucun d’entre eux ne s’est jamais montré suffisant pour attester scientifiquement de l’existence d’une telle espèce de primates restée jusqu’ici inconnue.
"Pour commencer à prendre une telle théorie au sérieux, il nous faudrait des ossements ou des fossiles, ce qui n’a jamais été trouvé. Bigfoot reste à classer dans la catégorie des créatures légendaires, à l'instar du Loch Ness ou des licornes", affirme Gilles Boëtsch, anthropologue et auteur de l’ouvrage "Du big foot au Yéti, anthropologie de l’imaginaire".
Malgré tout, certains documents, bien que controversés, ont bel et bien attiré l’attention de spécialistes. C’est le cas d’un film tourné en 1967 dans les bois de Bluff Creek, en Californie, par Roger Patterson et Robert Gimlin. Aujourd’hui, leurs images sont restées parmi les plus emblématiques de la cryptozoologie - qui désigne l’étude, au sens large, des animaux dont l’existence n’a jamais été établie formellement.
Alors que Patterson et Gimlin sillonnaient la forêt à cheval, ils prétendèrent avoir croisé la route d’un hominidé velu à la démarche lourde, capturé à l'aide de leur caméra Super 8. Sans surprise, plusieurs experts crieront au trucage, accusant les deux hommes d’avoir utilisé un costume. En 2009, soit 42 ans plus tard, alors que l’authenticité de la vidéo n’a jamais été formellement validée ou réfutée, le réalisateur Christopher Loft a consacré un documentaire à l’étude scientifique de ces images.
Pendant plusieurs décennies, anthropologues et biologistes se sont aussi attachés à analyser d’autres "preuves matérielles" rapportées par des témoins, comme des empreintes de pas ou des touffes de poils. L’anthropologue américain Grover Krantz, décédé en 2002, a, par exemple, toujours soutenu l’hypothèse que Bigfoot appartenait à une population survivante de Gigantopithecus blacki, une prétendue espèce de primates éteinte il y a plusieurs centaines de milliers d’années et dont des fossiles ont justement été retrouvés... en Asie.
D’autres experts, comme Bernard G. Campbell, réfuteront pourtant cette thèse, insistant sur le fait que Gigantopithecus était quadrupède et n’aurait jamais pu se tenir debout à cause de son poids trop imposant.
Pour Gilles Boëtsch, la croyance en Bigfoot prouve avant tout que "l’imaginaire humain est très fort, stimulé par un besoin perpétuel de trouver des explications cachées dans le sens du monde". Alors qu’il soit le héros de récits populaires, l’objet d’un canular perpétré de génération en génération ou un véritable oublié de l’ethnologie contemporaine, Bigfoot a surtout le mérite d’en dire beaucoup sur notre fascination pour le cryptique. Et d'être à l'origine d'une formidable imagerie populaire.
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