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Jungle de Calais : à quelques heures de l'évacuation, Cazeneuve joue l'apaisement

Lundi soir, à la vielle de l'expiration de l'ultimatum préfectoral ordonnant aux migrants de quitter la zone de la jungle de Calais, le ministre de l'Intérieur a assuré que l'évacuation se fera "de manière progressive" et "par la persuasion".

La perspective d'une évacuation imminente des migrants d’une partie de la jungle de Calais s'est estompée lundi, à la veille de l'expiration de l'ultimatum préfectoral. La tension est montée ces derniers jours entre les associations, qui refusent le démantèlement du camp, et le gouvernement ainsi que les autorités locales convaincus du bien-fondé de l'opération.

C’est mardi 23 février que tout se décidera. La préfecture du Pas-de-Calais a pris vendredi dernier un arrêté ordonnant aux occupants (entre 800 et 1 000 selon les autorités, 3 450 selon des associations, dont 300 mineurs isolés) de la zone sud du camp, dit "la Lande", de quitter les lieux d'ici mardi 20H00. Mais 250 migrants et 10 associations ont déposé un référé devant la justice pour faire suspendre l'arrêté prononçant "l'expulsion d'office des occupants". Le tribunal administratif de Lille tranchera mardi.

Il y a un mois, les autorités avaient contraint quelque 700 migrants à abandonner une large bande longeant la rocade menant au port, empruntée notamment par les poids lourds se rendant en Grande-Bretagne, pour les déplacer dans une autre zone du camp.

Cette fois, il s'agit de faire partir la population concernée vers les Centres d'accueil et d'orientation (CAO), dont le nombre n'a cessé d'augmenter. Il en existe désormais 102, accueillant près de 2700 migrants. Il reste d'autre part 300 places dans le Centre d'accueil provisoire de Calais, constitué de conteneurs-dortoirs chauffés.

Cazeneuve promet une évacuation "progressive"

Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, s'est justement rendu lundi dans un CAO, au Mans, où il a tenu un discours d'apaisement. L'évacuation de la zone sud se fera "de manière progressive, par la persuasion et dans le respect de la dignité des personnes", a-t-il promis. Il s'est dit prêt à "prendre le temps qu'il faut" pour mener à bien cette opération.

Selon Vincent De Coninck, bénévole au Secours catholique, l'expulsion des récalcitrants "risque d'entraîner le déplacement des migrants vers d'autres camps dans la région, ce qui ne ferait que déplacer le problème". Se défendant d'"une opposition stérile et idéologique", ce responsable a assuré que les associations n'étaient pas "pour le maintien du bidonville", mais qu'elles trouvaient les solutions proposées par la préfecture "insuffisantes".

Quelque 260 organisations et personnalités, dont l'humoriste Guy Bedos et la créatrice Agnès B., leur ont apporté leur soutien dans une tribune parue dans Le Monde. "Les jours prochains, nous irons à Calais pour le clamer haut et fort : nous ne sommes pas condamnés à choisir entre la jungle et sa destruction. Nous refusons de réduire la France à des barbelés et des bulldozers", écrivent-ils.

L'opération suscite aussi les réserves de la Défenseure des enfants Geneviève Avenard, qui a critiqué les modalités prévues par l'État pour le déménagement des enfants isolés, se prononçant pour "la création urgente d'un dispositif de mise à l'abri des enfants" concernés.

Avec AFP