Le principal candidat de l'opposition à la présidentielle en Ouganda, Kizza Besigye, a été arrêté vendredi pour la troisième fois en une semaine au siège de son parti, au lendemain du premier tour de la présidentielle.
C'est la troisième fois cette semaine que l'opposant ougandais Kizza Besigye est arrêté par la police. Vendredi 19 février, il a été interpellé au siège de son parti au lendemain du premier tour, chaotique, de la présidentielle dont les résultats partiels donnent le chef de l'État sortant Yoweri Museveni largement en tête.
"Kizza Besigye a été arrêté dans notre quartier général et emmené vers une destination inconnue", a tweeté son parti, le Forum pour le changement démocratique (FDC). Une journaliste de l'AFP a aperçu l’opposant, qui avait déjà été brièvement interpellé lundi et jeudi soir, être escorté vers un fourgon de police.
Les forces de l'ordre ont encerclé en fin de matinée le quartier général du FDC, dans le quartier de Najjanankumbi, dans le sud de Kampala. Pendant plus d'une heure, la tension a été forte, les policiers en tenue anti-émeute tirant des gaz lacrymogènes vers les locaux du parti d'opposition et procédant à l'arrestation de sympathisants du FDC. La police est finalement entrée dans le bâtiment, d'abord pour s'entretenir avec Kizza Besigye, avant de finalement l'arrêter.
Condamnation de Washington
Selon les médias ougandais, l'action de la police pourrait être liée au fait que le FDC s'apprêtait à publier ses propres résultats pour l'élection présidentielle, ce qui est illégal. "Des mesures raisonnables ont été prises pour maîtriser des militants du FDC qui voulaient perturber l'ordre public et les élections", a déclaré à l'AFP un haut responsable de la police, Felix Andrew Kaweesi. Et d’ajouter, Besigye "sait très bien que le pouvoir de déclarer les résultats électoraux revient à la commission électorale".
L'arrestation jeudi de Besigye a été condamnée par les États-Unis, qui y ont vu "un type d'agissement" remettant "en question l'engagement de l'Ouganda à mener une élection libre et transparente exempte d'intimidation". John Kerry s'est, pour sa part, dit préoccupé par la détention de l'opposant.
Le premier tour de la présidentielle et des législatives, s'il s'est déroulé sans encombres en province, a été pour le moins chaotique à Kampala, réputée acquise à l'opposition. De nombreux bureaux ont ouvert jeudi avec plusieurs heures de retard, provoquant des heurts entre électeurs en colère et forces de l'ordre, tandis que les réseaux sociaux ont purement et simplement été bloqués par le pouvoir.
Museveni en tête
Le dépouillement a débuté jeudi après-midi dans la plupart des 28 000 bureaux de vote et le président Yoweri Museveni, 71 ans dont 30 passés à la tête du pays, faisait la course en tête selon les résultats partiels de la commission électorale, taxée de partisane par l'opposition.
Selon ces résultats, portant vendredi en fin de matinée sur 36,5 % des bureaux de vote, Museveni était en tête avec 62,03 % des voix, devant Besigye (33,46 %). Les résultats complets de la présidentielle devraient être connus samedi. Ce dépouillement se poursuit alors que le scrutin n'est toujours pas terminé, la commission électorale ayant décidé de prolonger le vote d'une journée dans une trentaine de circonscriptions de Kampala et ses environs, où les électeurs n'avaient pu voter jeudi.
Avec AFP