Jusqu'ici implanté sur les côtes libyennes, le groupe État islamique progresse "vers l'intérieur" de la Libye, s'est inquiété, lundi, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
L'organisation de l'État islamique (EI) avance "vers l'intérieur" des terres libyennes, s'est inquiété, lundi 14 décembre, le ministre français de la Défense. S'exprimant à la radio RTL, Jean-Yves Le Drian a ajouté que les jihadistes, déjà implantés sur la côtes, avaient pour but l'accès à des puits de pétrole.
"Ils sont à Syrte. Ils étendent leur territoire sur 250 kilomètres linéaires de côte, mais ils commencent à pénétrer vers l'intérieur et à avoir [une] tentation d'accès à des puits de pétrole et des réserves de pétrole", a-t-il affirmé à RTL.
L'EI compte 2 000 à 3 000 combattants en Libye, dont 1 500 à Syrte, la ville natale du défunt dictateur Mouammar Kadhafi à 450 km à l'est de Tripoli. Parmi eux figurent des nationaux partis combattre en Syrie et de retour dans leur pays, mais aussi des étrangers venus notamment de Tunisie, du Soudan ou du Yemen, selon une estimation de l'ONU.
"Il faut absolument que cessent les conflits intralibyens"
Jean-Yves Le Drian exclut toutefois une opération militaire extérieure contre l'EI en Libye, comparable à celle en Syrie, estimant que les Libyens ont les moyens de s'y opposer eux-mêmes pour peu qu'ils cessent de se combattre. Le pays, déchiré par les luttes de clans depuis la chute de Mouammar Kadhafi, a pour l'instant deux parlements, l'un dans la capitale et l'autre, reconnu par la communauté internationale, à Tobrouk (est).
Interrogé sur l'éventuelle option de bombardements contre les jihadistes, le ministre a estimé qu''il n'y avait pas de solution autre que "politique [...] entre les différents clans, les différentes factions qui aujourd'hui s'opposent en Libye".
"Il faut absolument que cessent les conflits intralibyens sinon le vainqueur militaire ce sera Daech [acronyme de l'EI en arabe, ndlr]", a poursuivi le ministre français de la Défense. "Ils ont eux-mêmes les moyens militaires entre eux pour enrayer la progression de Daech donc il faut qu'ils s'unissent politiquement", a-t-il martelé.
"Heureusement, cette prise de conscience commence à se faire à la fois du côté de Tripoli et du côté de Tobrouk et on peut penser que les discussions qui sont en cours à la fois sous l'autorité de Martin Kobler, l'envoyé spécial des Nations unies, et dans les réunions de Rome, y compris ce week-end, vont aboutir à une solution politique", a-t-il conclu.
Avec AFP