Plusieurs artistes ont été retenus par les organisateurs de la COP21 pour illustrer leur vision des enjeux climatiques. Rencontre avec quelques-uns d'entre eux dont les créations sont exposées jusqu'au 11 décembre dans l'enceinte du Bourget.
Exposition géante au Grand Palais à Paris, blocs de glace devant le Panthéon ou encore la “Conférence des parties créatives” à la Gaîté Lyrique : les défis climatiques ne mobilisent pas seulement les négociateurs de la COP21 dans l'enceinte du Bourget. Les artistes ont aussi leur mot à dire sur le réchauffement de la planète. Les organisateurs de la conférence sur le climat en ont convié quelques-uns. Trois d'entre eux ont répondu aux questions de France 24.
Marcel Crozet. Photographe officiel de l’Organisation internationale du travail (OIT), il vient de réaliser un reportage consacré au travail des enfants. Et durant ses périples, Marcel Crozet relève les empreintes laissées par la nature et le temps sur la matière. Il en a tiré une série de photographies, baptisée “abstraction naturelle”, exposée durant la COP21.
Un des clichés semble représenter un poisson alors qu’il s’agit de “la trace de l’érosion sur une cuve”, explique le photographe. Ainsi, l’oxydation d’une surface en fer peut donner l’impression, à travers son objectif, d’être un paysage arctique frappé par la fonte des neiges. C’est ce double aspect, la nature qui s’impose à des créations humaines et des photos qui évoquent des thèmes environnementaux, qui a valu à Marcel Crozet d’être sélectionné par l’ONU. Il ne se définit cependant pas comme un artiste engagé, mais assure que ses travaux “sont toujours une forme d’invitation à la réflexion, comme par exemple ici, à la relation entre l’homme, son environnement et le temps”.
Rafael Garcia Miro. À 65 ans, cet artiste péruvien s’intéresse aux questions climatiques depuis son enfance. “L’une des premières émissions que j’ai vues à la télévision racontait comment l’homme faisait du mal à la Terre”, se souvient Rafael Garcia Miro.
La sculpture qu’il présente au Bourget montre une femme peinant à soulever le globe terrestre. Cette œuvre illustre à quel point “la Terre est fragile et qu’il faut faire des efforts pour la préserver”, explique l’artiste. Ce n’est pas la première fois qu’il travaille sur la thématique de l’environnement. En 2010, il a exposé au siège de l’ONU une série de peintures consacrée à la biodiversité.
L’art, pour lui, est un formidable moyen de sensibiliser la population à ces questions. “La peinture permet de représenter des choses qu’il est impossible de montrer autrement et c’est un moyen de faire passer un message que tout le monde peut comprendre”, assure-t-il.
Jean-Sébastien Raud. Il a eu l’idée de "Sphère" sa sculpture, en 2010 lorsque sa femme était enceinte. “Je voulais réaliser pour ma fille une œuvre qui soulignerait la nécessité de vivre tous ensemble en paix”, raconte Jean-Sébastien Raud.
“Sphère” représente un globe terrestre formé d'innombrables corps d’hommes et de femmes, dénudés, inextricablement liés les uns aux autres. Une manière de signifier que le bien-être de la planète dépend de tous et que nous sommes tous liés à elle. “C’est pour cela qu’il faut vivre en paix”, souligne l’artiste.
Jean-Sébastien Raud n’a pas fait de l’environnement l'axe central de son travail. Il est devenu sculpteur lors de la chute du mur de Berlin, en 1989. “Liberté” et “paix” semblent être les deux idées maîtresses de ses œuvres. Ce trentenaire est d'ailleurs le seul Français dont une sculpture en mémoire des attentats du 11 septembre, intitulée "W.T.C.", a été exposée à la galerie virtuelle du musée du 11-Septembre à New York. Là aussi, il était question de célébrer la liberté et le désir de vivre en paix.