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Carnet de route dans la Syrie de Bachar al-Assad

Depuis un mois, l'offensive russe en Syrie vient s'ajouter à une guerre qui broie le pays depuis bientôt cinq ans. Comment cette situation est-elle vécue par la population ? Notre reporter Ksenia Bolchakova a pu se rendre dans les villes acquises au régime. Voici son carnet de route.

Tourner un reportage dans les zones contrôlées par le régime de Damas n’est pas simple. D’abord, il faut obtenir un visa. Dans mon cas, la procédure a pris trois mois et demi. Je n’y croyais plus quand le 30 septembre dernier, j’ai reçu le fameux coup de fil m’annonçant que j’avais obtenu le précieux Graal.

Le 30 septembre, c’était justement le jour où Moscou a lancé son opération en Syrie. Mon passeport rouge - je suis citoyenne de la Fédération de Russie - a probablement aidé, beaucoup aidé, les employés du ministère de l’Information syrien à prendre leur décision. Cet outil de propagande étatique, en charge de "la régulation des organes d’information", contrôle les médias syriens et valide, ou non, les demandes de reportage des journalistes étrangers.

Un traducteur au service du régime

Une fois sur place, en Syrie, les journalistes sont toujours accompagnés d’un traducteur assigné. Une personne qui, officiellement, vous aide à obtenir les autorisations de tournage nécessaires partout où vous souhaitez vous rendre, mais qui est surtout là pour vous surveiller. Les yeux et les oreilles du régime.

C’est dans ces conditions un peu particulières que j’ai travaillé dans le pays de Bachar al-Assad. J’ai uniquement pu me rendre dans les zones de l’Ouest, restées sous son contrôle. De fait, je ne me suis jamais attendu à entendre la moindre critique sur le pouvoir syrien ou sur le président. Je savais qu’il n’y en aurait pas. Bachar al-Assad, dans ces contrées, ne fait pas l’objet d’un débat.

À la rencontre de la Syrie utile à Bachar al-Assad

Ses portraits sont partout. Sur les devantures des magasins, les immeubles, les panneaux publicitaires, les balcons, les pare-brise de voitures, les poussettes… Au point de voir son visage même les yeux fermés. 

Du Sud au Nord, longeant la mer Méditerranée, le soutien à la dictature semble sans faille. Quant à ceux qui pourraient penser différemment - ceux qui ne sont pas morts -, ils se cachent et se taisent.

J’ai eu la chance de pouvoir me rendre dans plusieurs villes de cette Syrie acquise à Bachar. Celle qui reste sous son contrôle. De Damas a Lattaquié, de Qardakha à Homs. Voici mon carnet de route.