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Bloqués en Serbie, les migrants se tournent vers la Croatie

Déterminés à rejoindre l'Allemagne, des centaines de migrants bloqués en Serbie se sont tournés vers la Croatie. Un groupe de 300 d'entre eux est entré en Croatie, ouvrant une nouvelle route vers l'Europe occidentale.

Ils sont désormais des centaines à se retrouver bloqués en Serbie. Repoussés par la Hongrie, qui a intégralement clôturé sa frontière avec la Serbie, les migrants voulant rallier le nord de l’Europe sont contraints d’envisager de nouvelles routes.

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Dans la nuit de mardi à mercredi 16 septembre, des dizaines d’entre eux sont arrivés en Croatie, a annoncé le Premier ministre croate Zoran Milanovic, qui a assuré que son pays les laisserait poursuivre leur voyage vers l'Europe de l'Ouest et du Nord sans encombre. Dans la journée de mercredi un peu plus de 300 migrants étaient déjà entrés en Croatie.

De leur côté les autorités croates ont assuré qu'elles allaient permettre le passage sans encombre des migrants en route vers l'Europe occidentale et ont convoqué une réunion de son Conseil de sécurité nationale pour discuter de la gestion de la crise migratoire.

"La Croatie est totalement prête à recevoir ou à rediriger ces gens vers l'endroit où ils veulent aller, de toute évidence l'Allemagne et les pays nordiques", a-t-il déclaré. "Nous les autoriserons à traverser la Croatie et nous les y aiderons, nous nous préparons à cette possibilité."

La plupart de ces migrants étaient arrivés dans la nuit à Sid, près de la frontière avec la Croatie, après avoir voyagé en autobus depuis Presevo, une ville du sud de la Serbie proche de la frontière macédonienne. Après la Croatie, les migrants devront poursuivre leur parcours vers la Slovénie, nouvelle porte d'entrée dans la zone de libre-circulation européenne de Schengen.

"Nous avons entendu dire que la Hongrie était fermée, alors la police nous a dit que nous devrions venir par ici", a expliqué Amadou, 35 ans, indiquant venir de Mauritanie.

Comme d'autres migrants arrivés en même temps que lui, Amadou n'avait auparavant jamais entendu parler de la Croatie et ne savait pas que ce pays faisait partie de l'Union européenne.

À Belgrade, l'espoir d'une réouverture de la frontière

Dans la capitale serbe, la plupart des réfugiés interrogés par l'AFP préféraient quant à eux attendre une hypothétique réouverture de la frontière hongroise plutôt que de choisir d'autres routes.

"On nous a dit qu'il existait un chemin par la Croatie et par la Slovénie, mais on a aussi entendu que si la police slovène nous attrapait, elle nous renverrait en Serbie, voire en Afghanistan", explique Alisina, un adolescent afghan de 15 ans, qui ronge son frein à Belgrade.

"On ne peut pas faire marche arrière. Moi, j'ai perdu ma famille, mes parents, un frère et une sœur. Je n'ai nulle part où rentrer", explique-t-il en éclatant en sanglots.

Débordé par la situation, Belgrade a estimé être incapable de gérer le flux de migrants bloqués sur son territoire. "L'idée de renvoyer vers la Serbie tous les migrants alors que d'autres ne cessent d'affluer, en provenance de Grèce et de Macédoine, est inacceptable", a protesté le chef de la diplomatie Ivica Dacic. "J'exhorte la Hongrie à ouvrir sa frontière aux migrants. Au moins aux femmes et aux enfants", a déclaré à l'AFP son collègue chargé des réfugiés, Aleksandar Vulin.

Avec l'aide de l'armée, Budapest a fermé mardi aux réfugiés toute sa frontière avec la Serbie, par où était passée la grande majorité des 200 000 migrants qui ont transité par le pays cette année. Loin d'envisager de la rouvrir, le pays prévoit maintenant de construire une nouvelle clôture à sa frontière avec la Roumanie.