À l'occasion d'un Conseil extraordinaire des ministres européens de l'Agriculture, plusieurs milliers de producteurs de lait et de viande porcine se rendent, lundi, dans les rues de Bruxelles pour manifester contre l'effondrement des cours.
Plusieurs milliers de producteurs de lait et de viande porcine se rendent, lundi 7 septembre, dans les rues de Bruxelles. Cette délégation, venue de Belgique, de France et d’Allemagne, compte manifester alors que les ministres européens de l'Agriculture se réunissent lundi après-midi lors d'un conseil extraordinaire visant à définir des mesures de soutien aux secteurs en difficulté.
Jeudi déjà, des milliers d’agriculteurs français avaient déjà protesté dans Paris avec plus de 1 500 tracteurs. Ce lundi, ils seront de nouveau plus d'un millier à rejoindre la capitale européenne. Ils risquent de congestionner pendant plusieurs heures les artères bruxelloises entre la gare du Nord et le quartier Schuman abritant les institutions européennes, qui sera placé sous haute protection policière pour l'occasion.
Face à cet afflux, la police belge a d'ailleurs "demandé avec insistance d'éviter Bruxelles en voiture" dans la journée. Les transports publics desservant le quartier européen seront également fortement perturbés.
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Cette fronde des agriculteurs européens est provoquée par l’effondrement des cours du lait et des viandes bovines et porcines. L'embargo russe sur les produits agricoles, décrété par Moscou en rétorsion aux sanctions prises par les Européens à la suite de la crise ukrainienne, pèse également négativement sur les marchés, alors que la Russie était la destination de 10 % des exportations agricoles de l'UE.
Le marché du lait souffre par ailleurs d'une surproduction au niveau mondial : outre l'absence de débouché en Russie, la faiblesse de la demande en Chine et l'augmentation de la production, notamment au sein de l'UE après la fin des quotas laitiers au 31 mars, ont créé un déséquilibre.
Des solutions qui divergent
Pour tenter de remédier à cette crise, les ministres européens de l’Agriculture examineront lundi plusieurs options. Avec l'Espagne, l'Italie et le Portugal, la France compte notamment demander une enveloppe pour venir en aide aux agriculteurs les plus touchés, un relèvement du prix d'intervention sur le marché du lait pour la poudre et le beurre, afin de soutenir les cours en dégageant les stocks, ainsi que des mesures de stockage pour le porc.
Actuellement, le mécanisme de soutien se déclenche au prix d'un peu plus de 21 centimes le kilo de lait en poudre. Il a été activé au cours de l'été dans plusieurs pays, notamment la Lituanie et la Finlande, voisins de la Russie et particulièrement touchés par l'effondrement des marchés.
Peu friande en général d'une intervention directe sur les marchés, la Commission européenne préfère mettre en avant des solutions comme la recherche de nouveaux débouchés pour les produits européens au travers d'accords commerciaux. Même si les solutions envisagées divergent, les Européens semblent toutefois s'accorder sur le besoin d'une intervention commune.
Seule certitude, le projet de budget de la PAC (politique agricole commune) pour l'an prochain comporte dans sa rubrique "recettes" quelque 440 millions d'euros issus des "super prélèvements", les amendes payées par les producteurs de lait en surproduction par rapport à leurs quotas.
Avec AFP