
Au moins huit personnes, dont deux enfants, ont péri dans l'incendie provoqué par deux départs de feu successifs dans un immeuble du XVIIIe arrondissement de Paris, mercredi. Un homme a été placé en garde à vue.
Un incendie dans un immeuble d'habitation a causé la mort, mercredi 2 septembre, d’au moins huit personnes, dont deux enfants, dans un quartier populaire du XVIIIe arrondissement de Paris. Ce bilan, encore provisoire, a été confirmé par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, qui s'est rendu sur place. Les quatre blessés, "qui sont en urgence relative", ont été évacués vers des hôpitaux, a-t-il dit.
Un homme a été placé en garde à vue. Il s’agit d’un individu de 36 ans qui a été interpellé par la brigade anticriminalité. La radio RTL rapporte que son comportement suspect et des images de videosurveillance ont motivé son arrestation. Une source proche de l’enquête a précisé à l’AFP que cet homme avait sur lui une bougie et un briquet. "Il est connu pour une vingtaine de faits, notamment des affaires de stupéfiants, des vols et des dégradations de biens privés", ajoute cette source.
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Cet incendie d'origine encore indéterminée est l'un des plus meurtriers de ces dix dernières années dans la capitale. Selon les pompiers, deux départs de feu se sont succédé, à deux heures d'intervalle, dans cet immeuble du 4 de la rue Myrha, dans le quartier de la Goutte d'Or. "Il y a eu deux interventions différentes à la même adresse", à 2 h 23 et 4 h 30 (heures de Paris), a déclaré le commandant Gabriel Plus, porte-parole des pompiers de Paris. "On ne peut pas ignorer que ça peut être un acte de malveillance", a ajouté le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet.
Une centaine de pompiers
Le premier feu s’est déclaré au rez-de-chaussée dans les boîtes aux lettres. "Les pompiers sont intervenus pour quelques papiers qui brûlent dans le hall. C'était un feu très limité, quelques fumées qui s'échappaient et qui ont très vite été ventilées dans la cage d'escalier", explique à France 24 Gabriel Plus. Une fois éteint, les pompiers sont repartis. Avant d’intervenir une seconde fois dans le même immeuble. "Ce qui est étonnant, c'est d'intervenir quelques heures plus tard sur la même adresse pour quelque chose de complètement différent", commente le porte-parole des pompiers.
"Un policier que j’ai pu joindre au téléphone me disait qu’il y a neuf chances sur dix que ce soit criminel, rapporte Antoine Mariotti, envoyé spécial de France 24 sur les lieux de l’incendie. Quand cela se déclare dans une cage d’escalier, c’est rarement accidentel."
Une centaine de pompiers au total sont intervenus pour combattre le feu, désormais circonscrit. Un périmètre de sécurité a été instauré dans le quartier. La Direction de la police judiciaire est saisie de l'enquête. La police scientifique est actuellement sur les lieux.
"On a retrouvé les victimes dans l'escalier ainsi que dans les appartements des 3e, 4e et 5e étages, rapporte Gabriel Plus. La progression était difficile car nous étions confrontés à des flammes qui sortaient des étages et à un escalier qui brûlait."
Chamss, un habitant de l’immeuble voisin au 2 rue Myrha, interrogé par France 24, explique avoir vu les corps de deux victimes qui s'étaient défenestrées pour échapper aux flammes. "J’ai été réveillé vers 4 h par le bruit. J’ai entendu les voisins qui criaient. C’était la panique. Nous avons aidé un homme qui avait la jambe cassée à descendre du 1er étage, raconte le jeune homme avec beaucoup d’émotion. C’est très triste. J’aurais voulu tous les sauver. Il y a aussi des enfants qui sont morts." Deux enfants font en effet partie des victimes, selon une source proche de l'enquête.
"Pas un taudis"
La maire de Paris, Anne Hidalgo, a précisé que l'immeuble était une propriété privée dans un quartier qui compte beaucoup de logements sociaux et où la ville a engagé de longue date des chantiers de rénovation. Il "n'était pas considéré comme insalubre ou traité comme tel", a-t-elle précisé.
Michel, qui vit rue Myrha depuis 35 ans, confirme à France 24, que l’immeuble était en bon état. "La façade n’était pas belle mais ce n’était pas un taudis, affirme-t-il. Ici, les cages d’escalier sont en bois, les feux peuvent donc partir très vite."
Dans le quartier, les riverains se disent choqués. "Ce sont les odeurs qui m’ont réveillé. J’ai vu les flammes qui montaient très haut car ma fenêtre donne dans la même cour", témoigne les yeux un peu hagards, Jean-Claude, un habitant du 2 rue Myrha, qui a été accueilli avec sa famille dans un café avec d’autres résidents. Ils ont depuis pu retourner dans leur appartement.