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Arrestation de deux journalistes français soupçonnés de faire chanter le roi du Maroc

Deux journalistes français, Éric Laurent et Catherine Graciet, ont été interpellés jeudi à Paris. Ils sont soupçonnés d'avoir tenté d'extorquer 3 millions d'euros contre la non-publication d'un livre à charge sur le roi du Maroc.

Ils sont soupçonnés d'avoir fait chanter le royaume du Maroc en demandant 3 millions d'euros pour ne pas publier un livre contenant des informations compromettantes. Les journalistes français Éric Laurent et Catherine Graciet ont été arrêtés et placés en garde à vue, jeudi 27 août, à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) à Paris. Théoriquement, celle-ci peut durer jusqu'à 48 heures et se terminer samedi avec une éventuelle présentation aux juges d'instruction en vue de leur mise en examen.

Le parquet, qui s'était déjà saisi en enquête préliminaire, a ouvert mercredi une information judiciaire pour tentative d'extorsion de fonds et tentative de chantage.

"Un racket de voyous" - Deux journalistes français soupçonnés de faire chanter le roi du Maroc

Une plainte déposée la semaine dernière

Le Maroc a déposé plainte à Paris la semaine dernière. Contacté par France 24, Me Dupond-Moretti, avocat de Rabat, a raconté comment les deux journalistes ont, selon lui, tenté de faire chanter le roi du Maroc et se sont fait surprendre en flagrant délit, "avec la preuve de leur crime dans la poche".

Selon ce dernier, un représentant du cabinet du roi, avocat marocain, a rencontré le journaliste. "Et là, surprise, énorme", relate Me Dupond-Moretti, "Éric Laurent dit ‘écoutez, je prépare un livre avec Mme Graciet, co-auteure, et moyennant trois millions d'euros, il n'y a pas de polémique, on retire notre bouquin’".

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Arrestation de deux journalistes français soupçonnés de faire chanter le roi du Maroc


Après la plainte, deux autres rendez-vous ont été organisés, dont celui jeudi du 27 août, mais sous la surveillance cette fois des enquêteurs. Une source proche du dossier a confirmé le jour même à l'AFP qu''il y a eu remise et acceptation d'une somme d'argent". Ils ont ensuite très vite été arrêtés et placés en garde à vue.

À ce stade, de nombreuses questions se posent, notamment sur les motivations des deux journalistes, qui ont publié plusieurs autres ouvrages ("Bush, l'Iran et la bombe", "La face cachée du pétrole", "La face cachée du 11 septembre" pour Éric Laurent, "La régente de Carthage: main basse du la Tunisie", "Sarkozy-Kadhafi, histoire secrète d'une trahison" pour Catherine Graciet).

"Très surprenant"

Contactées par l'AFP, les Éditions du Seuil ont confirmé que les deux auteurs préparaient un livre sur le roi du Maroc Mohammed VI, "pour une sortie en janvier-février". En 2012, ils avaient déjà sorti, toujours au Seuil, "Le roi prédateur, main basse sur le Maroc".

"Si les faits sont avérés, c'est très surprenant de la part de Catherine. Elle n'a pas le profil pour ce type de délit", a réagi le journaliste Nicolas Beau, co-auteur de "La régente de Carthage". Si l'avocat du Maroc a livré de nombreux détails sur l'affaire, la version des journalistes n'a à ce stade pas filtré.

L'affaire intervient dans un contexte particulier entre Paris et Rabat, qui se sont réconciliés au niveau diplomatique après une brouille début 2014 lors de l'annonce de plaintes à Paris pour tortures contre le patron du contre-espionnage marocain, Abdellatif Hammouchi.

Avec AFP