Les Espagnols votent dimanche pour des élections régionales et municipales. Les Indignés de Podemos et les libéraux-démocrates Ciudadanos pourraient confirmer, par les urnes, la transformation radicale du paysage politique dans le pays.
"Le choix entre la vieille et l’ancienne politique". Le titre du journal "El Pais" résume à lui seul les enjeux de ces élections régionales et municipales espagnoles du dimanche 24 mai. Des scrutins lors desquels les partis traditionnels, le Parti populaire (PP) de Mariano Rajoy et le Parti socialiste (PSOE), se retrouvent en difficulté face à de nouvelles formations plus jeunes, anti-libérale et anti-corruption.
Les Espagnols doivent renouveler les parlements de 13 régions et élire 8 122 maires. Pour l’heure, le PP domine 13 régions autonomes sur 17. Mais le parti majoritaire est en grande difficulté, notamment dans plusieurs de ses fiefs.
"À Valence, un fief du PP, des scandales de corruption ont récemment éclaté et pourraient coûter cher à la droite" souligne Valérie Labonne, correspondante pour France 24 à Madrid. La ville est étroitement liée au "scandale des enveloppes" mettant en cause des élus du PP auxquels des entrepreneurs distribuaient de l’argent en échange de faveurs commerciales.
Barcelone et Madrid pour les Indignés de Podemos ?
Pour faire face aux critiques, Mariano Rajoy martèle depuis plusieurs semaines le "bon bilan économique" de son parti, et évoque le risque de "chaos" si le PP ne l’emporte pas. Mais difficile de convaincre avec la reprise économique encore timide (seulement 1,4 % de croissance en 2014) et un chômage qui touche un peu plus de 23 % de la population.
Face au PP, les nouveaux partis issus du mouvement des Indignés, le parti anti-libéral Podemos de Pablo Iglesias, pourrait marquer les esprits notamment à Madrid ou à Barcelone.
Podemos fait cependant face à sa première crise depuis sa création : le parti a dû revoir à la baisse son programme, notamment sur le revenu de base universel. Ce programme, plus réaliste et moins idéaliste a créé des dissensions internes et entraîné le départ d’un des fondateurs de Podemos, Juan Carlos Monedero. Les intentions de vote en ont pâti: crédité de 24 % d’intentions de vote en janvier, Podemos a chuté à 16,5 % dans les sondages.
Cette perte de vitesse pourrait profiter à un nouvel acteur, le mouvement de centre droit anti-corruption Ciudadanos, mené par l’avocat Albert Riviera présent sur la scène nationale depuis début 2015. Le parti, qui prône l’équité fiscale, le paiement de la dette, accuse Podemos de vouloir "détruire le système en place". Ciudadanos est passé de 3 % à 14 % d’intentions de vote en seulement trois mois.
itTrente pour cent d’indécis
Pour le parti au pouvoir, "ces élections sont avant tout un test" rappelle Valérie Labonne en prévision des législatives prévues à la fin de l’année 2015. Les deux grands partis, PP et PSOE, qui dirigent alternativement l'Espagne depuis 40 ans, seront probablement forcés de nouer des alliances dans 12 régions pour gouverner.
Cependant, ces estimations restent liés à une troisième donne : l’indécision des électeurs. Près d’un Espagnol sur trois a avoué ne pas encore savoir cette semaine pour qui il allait voter.
Intentions de vote en Espagne au mois d'avril 2015
#obSERvatorio El PP volvería a ganar las elecciones y Podemos cae al cuarto lugar http://t.co/WL9EsBjsxA pic.twitter.com/4iXJjFjQXF
— Cadena SER (@La_SER) 27 Avril 2015