L'Indonésie s'apprête à exécuter dans les prochaines heures huit étrangers et un Indonésien condamnés pour trafic de drogue. Le Français Serge Atlaoui n'est pas sur la liste, mais son sursis pourrait être de courte durée.
La sécurité a été renforcée à la prison de Nusakambangan, l'"Alcatraz indonésien", plantée sur une île isolée de Java. Neuf de ses prisonniers - quatre Nigérians, deux Australiens, un Brésilien, un Indonésien et une Philippine – condamnés à mort pour trafic de drogue, doivent être exécutés dans les prochaines heures.
Les autorités indonésiennes ont fait savoir qu'il n'y avait plus de grâce ni de sursis possible et, si ni la date ni l'heure des exécutions n'ont été précisées, tout laisse à penser qu’elles auront lieu mardi soir, "peu après minuit heure locale", selon Marie Dhumières, correspondante de France 24 en Indonésie.
Religieux, médecins et membres du peloton d'exécution ont reçu consigne de procéder aux derniers préparatifs. Des ambulances ont acheminé neuf cercueils blancs vides devant la prison et des médias australiens ont publié des photos de croix mortuaires, portant la date du mercredi 29 avril 2015.
Des adieux douloureux
Les familles des condamnés sont arrivées sur place pour partager des derniers moments douloureux. Les proches de deux Australiens, Myuran Sukumaran, 34 ans, et Andrew Chan, 31 ans, n'ont pas pu contenir leur émotion mardi en arrivant à la ville portuaire de Cilacap, avant de rallier l'île de la "prison de la mort". "Il y a eu beaucoup de pleurs, la sœur d'un des condamnés australiens s'est évanouie avant d'embarquer sur le bateau qui les a emmené sur l’île de la prison", décrit Marie Dhumières.
Si les autorités ont accédé à la dernière volonté d'Andrew Chan d'épouser sa compagne indonésienne lors d'une cérémonie célébrée le 27 avril au complexe pénitentiaire, elles ont refusé aux deux condamnés australiens le choix du pasteur qui les accompagnera dans leurs derniers instants. "Les familles sont furieuses, on leur refuse la dignité jusqu’au bout", poursuit la correspondante de France 24.
La famille de la Philippine Mary Jane Veloso est également arrivée à Cilicap pour rendre une dernière visite à cette domestique de 30 ans, mère de deux jeunes garçons, qui a répété avoir été victime d'un réseau international de trafiquants de drogue. Le président philippin Benigno Aquino ainsi que le boxeur Manny Pacquiao sont intervenus pour demander la clémence du président Widodo. En vain.
Fragile sursis pour Serge Atlaoui
Condamné à mort lui aussi pour trafic de drogue et incarcéré depuis 2007, le Français Serge Atlaoui, 51 ans, a été retiré au dernier moment de cette liste en raison d'un recours en attente devant la justice. Mais le porte-parole du parquet général indonésien, Tony Spontana, a réaffirmé mardi qu'en cas de rejet de sa procédure, il serait exécuté seul, et que les autorités n'attendraient "pas très longtemps".
"La cour administrative devant laquelle il a déposé son recours, devrait rendre son jugement cette semaine ou la semaine prochaine. Il y a très peu d'espoir que ce recours soit accepté", note Marie Dhumière, rappelant que ce même recours avait été rejeté pour les deux condamnés australiens.
Intransigeant sur l'application de la peine de mort pour trafic de stupéfiants, le président indonésien Joko Widodo est resté sourd à tous les appels à la clémence et pressions diplomatiques contre les exécutions, notamment de la France, de l'Australie, ainsi que des Nations unies.
Avec AFP et Reuters