
Au Soudan, les élections ne déchaînent pas les passions. Omar el-Béchir devrait être réélu fin avril après 25 ans au pouvoir, les principaux partis d’opposition boycottant le scrutin.
Les Soudanais se rendent aux urnes depuis lundi 13 avril. Ceux, du moins, qui y voient un intérêt. Car le scrutin, ouvert jusqu’à mercredi et censé leur permettre de choisir qui, d’Omar el-Béchir ou de ses 15 inconnus de concurrents, gouvernera le pays pour les cinq années à venir, est boycotté par les principaux organes d’opposition. Ils dénoncent, à l’instar de la communauté internationale, la répression dont ils sont victimes aux côtés des médias et de la société civile.
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Parmi les 13,3 millions d’électeurs, peu s’étaient mobilisés lundi, comme le relevait Al-Jazira, qui évoque "surtout des soldats et des personnes âgées se présentant (pour voter) aux bureaux" visités par ses reporters. Parmi ceux qui ne voteront pas, Ali Adel Kheder, 19 ans, s’est expliqué auprès de ces mêmes reporters : "Je ne vois que Béchir à la télévision et ailleurs. Il ne semble pas avoir d’opposants, a-t-il jugé. Les chaînes publiques et privées lui sont toutes favorables. Je ne connais pas les autres candidats ni leur programme."
Un diagnostic partagé par l’Union européenne, qui a estimé que le scrutin ne pouvait "donner un résultat crédible et légitime" car "le dialogue est contourné, certains groupes exclus et les droits civiques et politiques violés". La Norvège, les États-Unis et le Royaume-Uni se sont également joints au concert de critiques pour regretter dans un communiqué commun l'absence d'"un environnement favorable à des élections participatives et crédibles".
"Tout le monde connaît le résultat"
"Tout le monde connaît le résultat", confirme un commerçant de Khartoum, Moutawakil Babikir, qui a lui aussi décidé de ne pas se rendre aux urnes. Omar el-Béchir, 71 ans, devrait donc aisément s’imposer après avoir déjà passé 25 années à la tête du pays. Le vieux général, arrivé au pouvoir en juin 1989, en renversant un gouvernement issu d'élections démocratiques, a fait campagne sur des thèmes économiques et sécuritaires.
Côté économique, la tâche sera ardue. L'inflation soudanaise est galopante et le taux de chômage supérieur à 30 %. Mais la sécurité sera également difficile à rétablir, notamment dans les États du Kordofan du Sud et du Nil Bleu, théâtres de rébellions armées depuis 2011, qui ont menacé de bloquer le scrutin. Cela n’a pas empêché Omar el-Béchir de se présenter comme le seul rempart à même de préserver la stabilité du pays dans une région où, de la Libye au Yémen, les foyers de déstabilisation sont nombreux.
Les résultats de ces élections, les deuxièmes multipartites organisées depuis 1989 après le scrutin de 2010, sont attendus fin avril.
Avec AFP et Reuters