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Présidentielle américaine : les quatre défis qui attendent Hillary Clinton

Hillary Clinton a mis fin au suspense, dimanche, en annonçant officiellement sa candidature à l'élection présidentielle américaine de 2016. Quatre défis se présentent à elle dans cette course à la Maison Blanche.

En annonçant, dimanche 12 avril, sa candidature à l’élection présidentielle américaine de 2016, Hillary Clinton sait qu’elle se lance dans une longue et épuisante campagne. Après sa tentative malheureuse lors des primaires démocrates en 2008, l’ancienne secrétaire d’État de Barack Obama espère convaincre cette fois-ci. Mais le chemin vers la Maison Blanche ne sera pas de tout repos. France 24 fait le point sur les quatre défis que devra surmonter Hillary Clinton pour devenir la première femme présidente des États-Unis.

  • Faire oublier son nom

Qu’elle le veuille ou non, le nom d’Hillary Clinton renvoie avant tout aux deux mandats de son époux à la Maison Blanche. Les huit années de présidence de Bill Clinton, entre 1993 et 2001, ont profondément marqué les États-Unis : celles-ci rappellent aux Américains une période faste de l’histoire du pays, durant laquelle l’économie américaine se portait bien, mais qui appartient désormais au passé.

Une référence handicapante dont n'a pas hésité à se servir le sénateur Marco Rubio, lundi 13 avril, en annonçant à ses principaux donateurs qu'il se portait candidat à l'investiture républicaine. "Hillary Clinton n’incarne pas l’avenir et le renouveau du Parti démocrate. Beaucoup d’électeurs et d’observateurs font d’ailleurs remarquer qu’il s’agirait d’une forme de retour en arrière", souligne ainsi Vincent Michelot, directeur de Sciences-Po Lyon et spécialiste de l’histoire politique des États-Unis.

"Elle a aussi un déficit d’image aux États-Unis, dont on ne se rend pas forcément bien compte en France. C’est une personnalité qui clive beaucoup. Il y a beaucoup d’Américains qui ne voteront jamais de leur vie pour un Clinton, Hillary étant encore pire à leurs yeux que Bill", ajoute Thomas Snegaroff, historien spécialiste des États-Unis, auteur de "Bill et Hillary" (éd. Tallandier).

Les attaques l’accusant de vouloir fonder une dynastie Clinton pourraient également être lancées. Mais l’incertitude demeure sur ce point puisque l’ancien gouverneur de Floride Jeb Bush, fils et frère des 41e et 43e présidents des États-Unis, pourrait de son côté devenir le candidat des républicains pour 2016.

>> À voir sur France 24 : "Diaporama : l'ex-première dame qui se rêve première présidente"

  • Convaincre de voter démocrate une troisième fois consécutive

Depuis que la limite de deux mandats présidentiels consécutifs a été fixée, seul George Bush, en 1988, est parvenu à être élu en succédant à un président du même parti qui achevait un second mandat. L’histoire joue donc contre Hillary Clinton qui devra convaincre le peuple américain de faire confiance une troisième fois de suite, après l’élection de Barack Obama en 2008 et 2012, au candidat du Parti démocrate.

Pour cela, l’ancienne secrétaire d’État devra trouver le moyen de tirer profit du bilan du président sortant tout en ayant la capacité à se projeter dans l’avenir et à se présenter comme une candidate apportant de nouvelles idées.

"Ce sera le vrai enjeu de sa campagne : Hillary Clinton doit absolument vendre une idée neuve, un souffle nouveau. Elle doit marquer une rupture avec la période qui précède tout en profitant des bons résultats de l’administration Obama. En somme, comme Nicolas Sarkozy après Jacques Chirac en 2007, faire de la rupture dans la continuité", affirme Thomas Snegaroff.

C’est donc un numéro d’équilibriste que devra réaliser l’ancienne First Lady, en expliquant que tout n’a pas été fait, que ce soit en matière de politique intérieure ou de politique étrangère, et qu’elle est celle qui peut faire aboutir l’ensemble des ambitions démocrates.

  • Changer son image en campagne

La campagne des primaires démocrates de 2008 avait été terrible pour Hillary Clinton. Face au jeune et charismatique Barack Obama, l’ancienne sénatrice de l’État de New York était souvent apparue froide et distante, commettant de nombreuses fautes politiques. Favorite des sondages et des médias, elle avait sous-estimé le sénateur de l’Illinois et avait préféré jouer la carte de l’expérience. L’erreur ne devrait pas être répétée en 2016.

"On se souvient qu’en 2008, elle considérait quasiment que son élection devait être un couronnement. Elle était à 20 points dans les sondages devant tous les candidats démocrates et puis un jeune inconnu du nom de Barack Obama est arrivé et c’est lui qui a le mieux su s’adresser à l’Amérique et aux médias. Pour devenir à son tour celle qui saura le mieux parler aux Américains, Hillary Clinton va notamment utiliser la carte féministe en se présentant comme une femme, une mère de famille et une grand-mère. Elle va aussi devoir aller toucher un électorat qui n’est pas celui qui a fait gagner Barack Obama. Elle voudra toucher les femmes et les 'blue collars', ces ouvriers blancs qui ne votent plus vraiment, cette Amérique profonde qui s’est détournée du Parti démocrate et qui parfois a voté républicain", explique François Durpaire, enseignant à l’université de Cergy-Pontoise, spécialiste des États-Unis.

La vidéo diffusée pour le lancement de sa campagne, dimanche, donne le ton et va dans ce sens. Ce sont bien les classes moyennes qui ont été mises au centre du message d’Hillary Clinton. Durant les deux premiers tiers de ce clip de 2 minutes et 18 secondes, des familles, des jeunes, des retraités font part de leurs projets, tandis que la candidate à l’investiture démocrate adopte une posture pleine d’humilité : "Je prends la route pour mériter votre vote", conclut-elle en prélude de la campagne à venir.

  • Résister aux attaques personnelles

Si l’expérience fait la force d’Hillary Clinton, ses nombreuses années passées au cœur du pouvoir lui ont aussi laissé le temps d’accumuler quelques affaires embarrassantes. Le scandale Monica Lewinsky qui ne manquera pas de ressortir, la controverse du Whitewater, l’attaque de l’ambassade américaine à Benghazi, et plus récemment, la polémique concernant ses emails lorsqu’elle occupait le poste de secrétaire d’État sont autant de sujets que ses adversaires pourront exploiter.

"Les Clinton ont l’image d’un couple intrigant, qui cache des choses et c’est ce qu’a rappelé aux Américains l’histoire des emails il y a quelques mois. Hillary Clinton va donc devoir affronter les attaques dont elle sera la cible en se présentant comme la victime d’un complot politique. Elle jouera aussi la carte du sexisme, ce qui pourrait empêcher certaines agressions trop frontales. Mais quoi qu’il arrive, les affaires existent et seront utilisées", estime Thomas Snegaroff.

Le message d’Hillary Clinton au sujet des classes moyennes pourrait également se retourner contre elle en servant d’angle d’attaque aux républicains. Ces derniers insisteront sans aucun doute sur la fortune amassée par le couple Clinton et tenteront probablement de dépeindre Hillary comme la candidate de l'"establishment", une femme ayant fait carrière en politique, plus proche de "Wall Street" que de "Main Street".