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Marine Le Pen au Salon de l'agriculture pour récolter le vote rural

Marine Le Pen a labouré, jeudi, le Salon de l'agriculture, reçue poliment par les agriculteurs, plus chaleureusement par le public, à un mois des départementales où le vote FN pourrait trouver un terreau fertile dans le monde rural.

Arrivée peu avant 10 h, la dirigeante d'extrême droite devait passer la journée dans la plus grande ferme de France, entourée d'une nuée de caméras et de la foule, pour une visite qui prenait clairement des allures d'opération séduction.

"Les politiques se concentrent sur les grandes métropoles, et des millions de Français vont être rejetés, relégués aux frontières des scanners politiques", a expliqué Marine Le Pen aux journalistes. "Nous avons au FN un gigantesque respect pour le monde rural".

Aux agriculteurs, elle lance : "La Pac (Politique agricole commune, ndlr), ce n'est pas l'argent de l'UE mais celui de la France, qui expédie 21 milliards à Bruxelles et en récupère 14 milliards". Là, l'accueil est plus réservé pour un parti qui prône la sortie de l'Union européenne, alors que l'agriculture est le premier poste européen de dépenses.

"Je pense qu'il y a d'autres politiciens qui représentent mieux la ruralité qu'elle", estime Alexandre Parée, professeur dans un lycée agricole qui lui a présenté sa vache race Bleue du Nord.

Les éleveurs de Bretonnes Pie noir, eux, n'ont juste pas voulu la recevoir. "La pêche aux voix, nous, on n'aime pas ça". Et "ça fait chier, c'est le sujet numéro un du salon (le FN, ndlr), on est là pour parler d'agriculture, pas de ça", s'emporte Luc Bernard. En effet, François Hollande, Manuel Valls puis Alain Juppé ont tous mis en garde les agriculteurs contre le vote FN, lors de leur passage au salon.

De quoi permettre à Marine Le Pen d'affirmer qu'il y a une sorte de "panique" du personnel politique face à son parti, en prévision notamment des élections départementales des 22 et 29 mars.

Un sentiment d'isolement

Pour le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, la tentation du FN, c'est "faire le choix du pire" pour les agriculteurs : l'intérêt de construire une politique commune,c'est que "c'est la même partout".

Même son de cloche du côté des responsables syndicaux agricoles. Xavier Beulin, président de la puissante FNSEA, l'a martelé cette semaine. Bien sûr, il y a "un sentiment d'isolement, d'exclusion" dans le monde rural mais pour lui, Marine Le Pen "vend beaucoup de peur" et de "rumeurs", notamment sur une sortie de l'euro.

Au syndicat agricole Coordination rurale, certes "on prône de la régulation, du protectionnisme intelligent". Mais "on est des Européens convaincus" et "quand Marine Le Pen se revendique de nous, ça nous énerve", explique son président, Bernard Lannes, à l'AFP.

En tous cas "Marine Le Pen laboure ce territoire" et y rencontre "une audience très importante [...] pour des raisons sociologiques [les milieux populaires y sont surreprésentés, ces régions sont à faible composante immigrée, NDLR], géographiques [discours "France d'en haut, France d'en bas", NDLR], pour le sentiment d'abandon, la crise agricole et une délinquance croissante", détaille Jérôme Fourquet, directeur du département opinion publique de l'institut Ifop.

"Le terreau est propice, il n'y a aucun doute qu'elle va faire un carton dans certains cantons" mais de là à "remporter une majorité de cantons et donc gagner un département, ça c'est une autre paire de manches [...] car le FN n'a pas d'alliés", ajoute-t-il.

Avec AFP