
Vingt Tunisiens ont été condamnés en appel à des peines allant de deux à quatre ans de prison pour leur participation à l'attaque de l'ambassade des États-Unis en septembre 2012. Un verdict plus lourd que celui prononcé en première instance.
Vingt Tunisiens accusés d'avoir participé à l'attaque de l'ambassade des États-Unis en septembre 2012 ont été condamnés à des peines allant de deux à quatre ans de prison, a indiqué, mercredi 18 février, le porte-parole de la cour d'appel de Tunis à l'AFP.
Le verdict est bien plus lourd que celui prononcé en mai 2013 en première instance, lorsque les mêmes prévenus avaient été condamnés à deux ans avec sursis pour leur participation au saccage de l'ambassade et de l'école américaine, en réaction à la diffusion sur Internet du film islamophobe "L'Innocence des musulmans".
Douze des accusés ont été condamnés par contumace à quatre ans de prison, selon le porte-parole de la cour, Karim Chebbi. Ils ne purgeront cependant que trois ans de prison pour "participation à une insurrection", et ils n'auront pas à accomplir la quatrième année de détention prononcée pour avoir participé à une "manifestation hostile sur la voie publique", puisque en droit tunisien ces peines ne sont pas cumulables.
Sept autres prévenus ont été condamnés à deux ans de prison et un huitième à deux ans et demi de détention.
À l'audience, tenue mardi, seuls six des accusés étaient présents et tous ont nié avoir participé à la manifestation et aux heurts qui avaient suivi avec la police et qui s'étaient soldés par la mort de quatre manifestants. Les personnes condamnées par contumace pourront demander l'organisation d'un nouveau procès si elles se rendent à la justice. Les huit autres peuvent encore se pourvoir en cassation.
"Réponse sérieuse"
Les autorités tunisiennes et américaines avaient vivement critiqué les condamnations avec sursis des 20 accusés en première instance, si bien que le parquet avait fait appel. Il aura finalement fallu près de deux ans pour que l'audience ait lieu après de multiples reports.
À Washington, le département d'État a relevé mercredi soir dans un communiqué que le verdict en appel constituait "une réponse sérieuse" à l'attaque mais le ministère s'est dit "déçu que la justice dans cette affaire ait été aussi longue et reste incomplète avec plusieurs suspects toujours en fuite".
Après l'attaque de l'ambassade, le gouvernement tunisien, dirigé à l'époque par le mouvement islamiste Ennahda, avait été accusé par ses détracteurs d'avoir fait preuve de laxisme, voire de complicité avec les manifestants, thèse reprise par la défense pour qui les accusés sont des boucs émissaires.
Des centaines de manifestants, dont certains brandissaient des bannières de mouvements salafistes, des pierres et des objets tranchants ou contondants, s'étaient rendus à pied à l'ambassade, où seul un dispositif de sécurité minimal était en place. Celui-ci avait été rapidement débordé.
Tunis considère que l'organisateur de la manifestation était le mouvement salafiste jihadiste Ansar Ashariaa, aujourd'hui classé "terroriste" par le gouvernement.
Avec AFP