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"Territoire de la liberté" : que la montagne est belle

Documentaire produit avec des bouts de ficelle, "Territoire de la liberté" d'Alexander Kouznetsov suit des alpinistes s'échappant de l'enfer des villes pour vivre une utopie communautaire dans les montagnes de Sibérie. Un hymne vibrant à la liberté.

Chaque mardi, France 24 se penche sur deux films qui sortent en salles. Cette semaine, le ravissant documentaire russe "Territoire de la liberté" d'Alexander Kouznetsov et l'histoire d'amour raffinée "Felix et Meira" du Québécois Maxime Giroud.

Nous ignorons tout de leur vie. Nous ne connaissons pas leurs noms. À peine savons-nous qu'ils nourrissent une passion pour l'alpinisme et le sentiment d'élévation qu'il procure.

Plusieurs fois par an, une poignée de Russes, toutes générations confondues, se retrouvent dans des isbas construites illégalement au sommet des magnifiques montagnes de la Sibérie centrale (appelées les "Stolbys"). Objectif : goûter aux joies de la grimpette mais aussi de la vie en communauté.

Créées à la fin du XIXe siècle, ces habitations clandestines sont devenues bien plus que de temporaires refuges pour grimpeurs de passage et constituent un "Territoire de la liberté", comme le montre le court documentaire d'Alexander Kouznetsov.

Joyeux bordel

Produit avec des bouts de ficelle, le film de cet enfant du pays, lui-même piqué d'alpinisme, est un ravissant hymne à la liberté. On y chante, danse, boit, festoie et débat de la démocratie dans un pays où la parole a toujours eu du mal à se libérer. Dans le joyeux bordel des isbas, le sentiment de liberté est tel que, depuis leur mise en place, les différents pouvoirs ont maintes fois procédé à leur destruction.

Aussitôt démantelés, ces lieux d'utopie communautaire ont toujours trouvé des bonnes volontés pour ressortir de terre. Même aux endroits les plus accidentés. Certains y ont laissé leur vie. "Les meilleurs alpinistes meurent toujours en descendant", prévient l'un des grimpeurs lors d'une périlleuse cordée. Jolie maxime qui résume à elle seule le besoin vital de liberté de ces hommes et femmes préférant la vie dans les nuages.

Au mépris des règles élémentaires de sécurité, certains s'aventurent même de nuit sur un massif, afin d'y repeindre les gigantesques caractères du mot "liberté" que l'un des premiers "stolbystes" avait inscrits 120 ans plus tôt. Les lettres s’effaçaient, "le Kremlin ne les voyait plus", plaisante l’un d’eux.

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- "Territoire de la liberté", d'Alexander Kouznetsov, (1h07).