Sophie Lurton a succédé à son père il y a 20 ans à château Bouscault, en Gironde. Et les ouvriers travaillant sur le domaine notent la différence. "Je pense que Sophie a mis sa patte de femme là-dedans. Le vin est moins fort et meilleur", affirme l’un d’eux.

Sophie travaille avec son mari, Laurent, sur les arômes de leur sauvignon. "Moi, je trouve qu'on a des différences de palais mais qui sont dues à nos personnalités, à notre perception. Et qui ne sont pas du tout liées au genre", affirme-t-elle. "On essaie de faire des choix, qui sont toujours un peu communs, car quand on est d'accord sur une décision, on a plus de chance de réussir", assure pour sa part son époux.

Les onze frères et sœurs de Sophie se trouvent tous à la tête de grands vignobles. Ensemble, cette fratrie pèse 300 millions d'euros... Et si on ne présente plus les garçons à Bordeaux, les filles, elles, doivent s'imposer pour trouver leur place.

Stratégie marketing

Il y a 30 ans, les femmes n'auraient pas pu entrer dans un chai, accusées de pouvoir faire tourner le vin... Aujourd'hui, certaines sont appréciées pour leur spécificité. Mais Marie-Laure, l’aînée des Lurton, n'hésite pas à dire ce qu'elle pense, quitte à froisser ses clients à la recherche d'un "vin de femmes".

Cette différence, la plus jeune des sœurs, Bérénice, en a fait une stratégie marketing. Elle a donné à ses coffrets un look féminin. "Un homme n'aurait pas eu forcément la sensibilité, la même patte pour faire ça, observe-t-elle. Tant mieux si c'est féminin et si ça plaît aux femmes."

Mais y a-t-il vraiment une différence entre les vins faits par des femmes et ceux faits par des hommes ? "Ça dépend des vins que l'on veut faire, affirme Bérénice. Nous, toutes les trois, on veut faire des vins de terroir." Pour les sœurs Lurton, le vin n'a donc pas de sexe.... Leur passion pour le vin attire en tout cas les curieux. Ensemble, elles préparent un projet d'œnotourisme.