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Depuis lundi, à Anvers, se tient le procès de 46 membres du groupuscule islamiste Sharia4Belgium. Pour l’accusation, le mouvement, qui a annoncé sa dissolution en 2012, doit être traité comme un "groupe terroriste".
Le procès de 46 des membres du groupuscule islamiste Sharia4Belgium s’est ouvert, lundi 29 septembre, à Anvers. L’accusation a estimé qu'il constituait un "groupe terroriste", puisqu’il avait notamment multiplié les appels à la violence et pouvait être lié à l’organisation de l’État islamique.
"Il y a des indices sérieux selon lesquels ce mouvement, Sharia4Belgium, [aurait] incité à la violence à travers ses messages de haine", a déclaré Ann Fransen, la procureure auprès du parquet fédéral.
Retraçant l'histoire et l'idéologie de Sharia4Belgium, qu'elle a donc qualifié de "terroriste", la procureure a évoqué leurs conférences de presse "provocatrices", où le modèle démocratique occidental était conspué, les manifestations dégénérant en émeutes dans les rues d'Anvers et de Bruxelles, ou encore les vidéos de propagande "salafiste" réalisées et diffusées sur le Web.
Toutes ces activités "ne peuvent être interprétées autrement que comme des appels publics au jihad armé", a estimé Ann Fransen. Et de détailler le mode de fonctionnement, la structure, les contacts internationaux et les méthodes de recrutement de Sharia4Belgium.
Fouad Belkacem, un "leader spirituel"
S'ils ne sont pas accusés d'avoir préparé des attentats en Belgique, "beaucoup de figures de proue de ce mouvement sont allées en Syrie. Beaucoup s'y sont rendues pour se battre auprès des groupes al-Nosra et l'EI", les organisations jihadistes parmi les plus radicales, a expliqué la magistrate.
Le procès de Sharia4Belgium est le premier en Belgique à concerner directement l'envoi de combattants en Syrie. Il se tient devant le tribunal correctionnel d'Anvers, dans un palais de justice placé sous très haute protection policière.
Seize personnes, dont la figure du groupe, Fouad Belkacem, 32 ans, sont jugées comme dirigeants d'une "organisation terroriste". Ils risquent jusqu'à 20 ans de réclusion. Idéologue charismatique et organisateur hors pair, selon l'enquête, Fouad Belkacem a récemment nié, dans une lettre ouverte publiée dans la presse, avoir jamais "recruté, incité ou envoyé" des combattants en Syrie.
Mais Belkacem exerçait une énorme influence sur ses troupes, selon les déclarations faites aux enquêteurs par Jejoen Bontinck, l'un des prévenus présents au procès. Ce Belge aujourd'hui âgé de 19 ans, converti à l'islam, a expliqué qu'il voyait à l'époque en Belkacem son "leader spirituel".
Créé en 2010, le groupuscule salafiste avait annoncé sa dissolution il y a deux ans, mais ses anciens membres sont soupçonnés d'avoir continué à recruter. Au total, quelque 10 % des 300 à 400 Belges partis au combat depuis 2012 auraient été proches de certains des membres de Sharia4Belgium.
Avec AFP