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Le ministre irakien des Affaires étrangères a demandé mercredi l'aide de Washington pour mener des frappes aériennes contre les jihadistes, qui mènent une offensive fulgurante dans le nord de l'Irak depuis une semaine.

Une semaine après la prise de Mossoul par les jihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), l'Irak a officiellement demandé, mercredi 18 juin, aux États-Unis de mener des frappes aériennes "en vertu de l'accord de sécurité", a déclaré le ministre irakien des Affaires étrangères Hochiar Zebari.

Interrogé par une commission du Congrès des États-Unis, le général Martin Dempsey, chef d'état-major interarmées, a confirmé dans la journée avoir reçu "une demande de soutien aérien de la part du gouvernement irakien", sans préciser quand cette demande avait été formulée. À la question de savoir si Washington devrait venir en aide aux autorités irakiennes, le général Dempsey a répondu de manière indirecte: "Il est dans l'intérêt de notre sécurité nationale de nous opposer à l'EIIL où qu'il soit."

Depuis la semaine dernière, le président américain, Barack Obama, évalue, en effet, les options à sa disposition pour aider le gouvernement irakien face à l'offensive des combattants djihadistes. Ces options pourraient inclure des frappes aériennes par avions de chasse ou drones, le renforcement de l'aide à Bagdad (formation, renseignement), voire une coopération avec l'Iran.

Lundi, le Pentagone avait d'ailleurs annoncé l'envoi dans le Golfe du navire américain USS Mesa Verde, avec 550 Marines et des avions-hélicoptères Osprey à son bord, pour pouvoir envoyer des renforts en cas d'évacuation de l'ambassade américaine à Bagdad.

Combats pour la raffinerie de Baïji

Plus tôt dans la journée, les jihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont décidé de s'attaquer à l’industrie pétrolière irakienne en lançant une offensive contre la plus grande raffinerie du pays.

Les insurgés sont parvenus à pénétrer dans l’enceinte de la raffinerie de Baïji, à 200 km au nord de Bagdad. Plusieurs membres des forces de sécurité ont été tués et blessés en essayant de les repousser. Plusieurs réservoirs de pétrole ont pris feu.
"[Les djihadistes] contrôlent désormais les unités de production, le bâtiment de l’administration et quatre tours de surveillance, soit 75 % de la raffinerie", a affirmé un responsable du site contacté par l’agence Reuters.

L’activité de la raffinerie avait été suspendue la veille et le personnel étranger évacué. Malgré les avancées de l’EIIL, les dirigeants du secteur pétrolier estimaient jusqu'alors "limitées" les implications concernant la production pétrolière d'Irak, deuxième plus gros exportateur au sein du cartel de l'Opep. Hormis les champs du Kurdistan irakien, contrôlés par les autorités locales, la majorité de la production irakienne de pétrole est située dans le sud du pays, loin de l'offensive.

Fortes tensions dans la région

La tension reste cependant très importante dans la région entière. L’Arabie saoudite a mis en garde contre une "guerre civile" qui pourrait déstabiliser toute la région. Après les déclarations du président Hassan Rohani concernant une éventuelle intervention en Irak, le voisin chiite iranien a affirmé, de son côté, qu'il "ferait tout" pour protéger les lieux saints de l'islam chiite en Irak.

Les insurgés ont, en outre, pris trois villages du Nord de l'Irak mercredi à l'issue de combats avec les forces de sécurité et des habitants qui ont fait 20 morts parmi les civils, a indiqué un responsable local.

Depuis le 9 juin, les combattants de l'EIIL, appuyés par des partisans de l'ex-président sunnite Saddam Hussein renversé après l'invasion américaine de 2003, ont pris le contrôle de la principale métropole du nord de l'Irak, Mossoul, d'une grande partie de sa province Ninive (nord), de Tikrit et d'autres secteurs des provinces de Salaheddine (nord), Diyala (est) et Kirkouk (nord).

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Les Émirats rappellent leur ambassadeur d'Irak

Les Émirats arabes unis ont annoncé le rappel pour "consultations" de leur ambassadeur à Bagdad en raison "des graves" développements en Irak et dénoncé la politique du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, jugée "confessionnelle".

Dans un communiqué, le ministère émirati des Affaires étrangères a exprimé sa "profonde inquiétude pour la politique d'exclusion, confessionnelle et de marginalisation" du gouvernement de Bagdad à l'égard d'"une composante importante du peuple irakien", en référence à la minorité sunnite d'Irak.

Avec AFP et Reuters