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Chantage à la navette spatiale entre Moscou et Washington

En riposte aux sanctions dont Moscou fait l’objet dans le cadre de la crise ukrainienne, la Russie a annoncé son intention de quitter la station spatiale internationale. Elle veut aussi interdire aux États-Unis d’utiliser des moteurs de fusée russes.

L’espace était l’un des derniers domaines dans lequel Moscou et Washington coopéraient encore. Le vice-premier ministre russe, Dmitri Rogozine, a annoncé, mardi 13 mai, que la Russie comptait se désengager de la station spatiale internationale (ISS), en représailles aux sanctions américaines imposées dans le cadre de la crise ukrainienne.

Cette mesure sera effective dans six ans, à la fin de la mission spatiale en cours, alors que les États-Unis avaient expressément demandé à la Russie - qui fait partie des quinze nations associées à l’ISS - de prolonger sa coopération pour quatre années supplémentaires. “Après 2020, nous aimerions réorienter ces moyens financiers dans des projets spatiaux ayant plus d'avenir”, a ainsi déclaré le ministre, cité par l'agence russe Interfax. Les Russes sont impliqués dans la conquête spatiale via l’ISS depuis le début des années 1990. Sa mise en orbite remonte à 1998.

Les Américains également privés des moteurs de fusée

Mais ce n’est pas tout. Dmitri Rogozine, personnellement visé par les sanctions occidentales, a ajouté que le Kremlin allait interdire aux États-Unis d'utiliser des moteurs de fusée russes pour tous les lancements à des fins militaires. Ce qui devrait porter directement préjudice à la fusée américaine Atlas V, qui exploite un moteur russe RD-180.

Et Dmitri Rogozine n’en n’est pas à ses premières menaces aux accents de guerre froide. Il s’est notamment fait remarquer après que Washington a placé, fin avril, le PDG du holding des hautes technologies Rostec, Sergueï Tchemezov, sur la liste noire des personnes à sanctionner. Le ministre russe avait alors déclaré que si les États-Unis continuaient à pénaliser leur industrie spatiale, ils risquaient “d'exposer leurs propres cosmonautes” présents sur l’ISS. “Honnêtement, ils commencent à nous taper sur les nerfs avec leurs sanctions, et ne comprennent même pas qu'elles vont leur revenir en boomerang”, avait-il asséné.

“Les Américains n’ont qu’à aller dans l’espace en trampoline”

Le tweet de Dmitri Rogozine

After analysing the sanctions against our space industry I suggest the US delivers its astronauts to the ISS (cont) http://t.co/FAN02udsW9

— Dmitry Rogozin (@DRogozin) 29 Avril 2014

Et pour cause, depuis le dernier vol de la navette américaine Endeavour en 2011, les vaisseaux russes Soyouz sont le seul moyen de transporter les équipages vers l’ISS et de les rapatrier sur Terre. La station héberge actuellement trois astronautes russes et deux américains. Ensuite, les Américains pourront bien essayer de rejoindre l’espace “en trampoline” a lancé Dmitri Rogozine sur son compte Twitter, où il n’hésite pas à multiplier les provocations du genre.

La Nasa, de son côté, a annoncé, dès le début du mois d’avril, vouloir réduire drastiquement les échanges entre les deux pays. L’agence américaine compte bien détourner le problème russe en faisant appel à ses partenaires privés, tels que Space X, mais leurs capsules ne devraient pas être prêtes avant 2020. En attendant, les affrontements diplomatiques entre Washington et Moscou n’ont pas empêché les Américains de renouveler très récemment le contrat de partage des capsules Soyouz avec les Russes. Un contrat estimé, selon plusieurs médias, à près de 460 millions de dollars.

Avec AFP et Reuters