
La version émiratie du Louvre ne sera inaugurée qu’en 2015, mais certaines œuvres du futur musée d'Abu Dhabi seront présentées vendredi à Paris. Une sélection hétéroclite, entre collages de Picasso et sculptures maliennes du XIIIe siècle.
Une statuette africaine aux formes hermaphrodites, un Shiva dansant ou un Christ montrant ses plaies : plus de 160 œuvres de toutes les époques, originaires du monde entier, vont être dévoilées vendredi 2 mai au musée du Louvre à Paris.
L’exposition, intitulée "Naissance d'un musée", a déjà été montrée l'an dernier sur l'île de Saadiyat, où se construit le bâtiment du Louvre Abu Dhabi, un dôme imposant conçu par l'architecte français Jean Nouvel. Le nouveau musée doit ouvrir ses portes fin 2015.
Le président François Hollande, a inauguré mardi l'exposition parisienne, en présence de Cheikh Sultan Bin Tahnoon Al Nahyan, président de l'Autorité du Tourisme et de la Culture d'Abu Dhabi.
Cette collection nationale a été constituée par l'Émirat avec l'expertise de l'Agence France-Muséums, l'opérateur français en charge du projet du Louvre Abu Dhabi. La création du nouveau musée avait été décidée en mars 2007 par la signature d’un accord entre les Émirats Arabes Unis et la France.
La première pièce de la collection, un Piet Mondrian d’une valeur de 21,5 millions d'euros, a été acquise en 2009 lors de la vente Yves Saint Laurent-Pierre Bergé. Cinq ans plus tard, elle comprend plus de 400 pièces, allant de la haute Antiquité à l'art contemporain.
L'exposition parisienne propose de réfléchir à la représentation de la figure humaine au cours des âges : on peut contempler une délicate princesse de Bactriane (Asie Centrale, IIIe millénaire avant Jésus-Christ), un orateur romain en marbre ou deux têtes de Bouddha, l'une venant d'Inde, l'autre de Chine du Nord.
"Ouverture et tolérance"
Pour Laurence des Cars, co-commissaire de l'exposition, la réunion d'un grand Christ en bois du XVIe siècle, d'une sculpture djennenké (Mali) du XIIIe siècle et d'un gracieux Shiva dansant (Inde du Sud, Xe siècle) "atteste de l'esprit d'ouverture et de tolérance d'Abu Dhabi".
Les trois grandes religions du Livre sont là : une Torah du Yemen voisine avec une Bible et un Coran mamelouk. "Ce musée est universel. Il entend accueillir toutes les civilisations et toutes les cultures, dans un esprit de dialogue et d'éducation", ajoute-t-elle. "Nous n'avons subi aucune censure de la part des Émiriens, que ce soit sur le plan des objets religieux ou sur celui de la nudité apparaissant dans certaines œuvres", assure Laurence des Cars.
Le musée naissant est parvenu à s'offrir de grands noms de la peinture: Bellini, Jordaens, Murillo, Ingres. Mais aussi Caillebotte, Manet, Gauguin. Et également un "Portrait de femme" de Picasso, un collage datant de 1928.
"L'exposition n'est pas la préfiguration du musée", souligne Vincent Pomarède, directeur de la Médiation et de la Programmation culturelle au Louvre. Lors de l’ouverture du Louvre Abu Dhabi, prévue le 2 décembre 2015, cette collection devrait en effet être accompagnée de 300 œuvres prêtées par les principaux musées français. L'accord prévoit également la cession du nom du Louvre pour 30 ans et l'organisation d'expositions temporaires. Pour la France, les contreparties se chiffrent à près d'un milliard d'euros.
Avec AFP