Si le Front national fait son retour dans au moins 11 municipalités, notamment dans le 7e secteur de Marseille et à Béziers, le parti de Marine Le Pen n'a pas réussi à s'imposer dans toutes les villes où il était arrivé en tête dès le premier tour.
"Marseille est bleu, Bleu Marine", se délectait, dimanche soir, le nouveau maire frontiste du 7e secteur de la deuxième ville de France, Stéphane Ravier. Élu avec 35,34% des voix dans les quartiers nord de la cité phocéenne, il peut se réjouir d'avoir offert au Front national la plus belle victoire des municipales. Car si "dix villes" ont été remportées par le parti d'extrême droite, cette mairie de secteur est "l'équivalent d'une très grande ville", a rappelé Marine Le Pen sur TF1.
Le FN peut également se targuer de s'être imposé à Béziers, avec la victoire de l'ancien journaliste Robert Ménard, ainsi qu'à Fréjus, où le jeune maire de 26 ans David Rachline a obtenu 45,55% des suffrages face à deux listes de droite. Dans des configurations plus difficiles, le FN l'a emporté à Beaucaire (Gard), à Villers-Cotterêts (Aisne), Hayange (Moselle), au Luc, à Cogolin (Var) et Pontet (Vaucluse) et à Mantes-la-Ville la première ville tenue par le FN en Île-de-France. Sans compter Hénin-Beaumont remportée dès le premier tour.
Au vu des résultats, Marine Le Pen n'a pas caché sa joie, y voyant le début d'une "nouvelle étape pour le FN". "Il faut désormais compter avec une troisième grande force politique", a-t-elle assuré sur France 2. Avec onze mairies déjà acquises, soit plus que les 4 villes (Toulon, Orange, Vitrolles, Marignane) que le FN détenait en 1997, le parti de Marine Le Pen a tourné la page de la douloureuse scission mégrétiste de 1998-1999. Son parti a également réussi à bien s'implanter dans les conseils municipaux, battant son record avec 1 438 élus, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, contre 1 249 en 1995.
Échec des cadres du FN
Si pour les observateurs, le FN a rempli son contrat, il n'a toutefois pas complètement transformé l'essai. Les cadres du parti ont en effet échoué : Florian Philippot a été défait à Forbach (Moselle) et Louis Aliot, le compagnon de Marine Le Pen, n'a pas réussi à prendre Perpignan à l'UMP. Et, grosse surprise, l'avocat médiatique Gilbert Collard a perdu à Saint-Gilles (Gard).
Marches ratées également à Avignon, où le FN espérait créer la surprise, à Carpentras (Vaucluse), Tarascon (Bouches-du-Rhône) et Brignoles (Var) que le parti pensait pouvoir gagner. Défaite aussi à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), Villeneuve-Saint-Georges et à L'Hôpital, communes du Val-de-Marne et de Moselle où le FN s'était allié à un divers-droite.
Au total, la conquête des onze mairies gagnées par le FN semble bien maigre au regard des 17,90% atteints par Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle en 2012. Deux raisons peuvent l'expliquer : l'implantation locale du FN, faible mais en progrès, et le refus du parti de s'insérer dans un système d'alliance.
Les maires frontistes, qui vont être l'objet d'une forte attention médiatique, vont devoir désormais faire leurs "preuves", comme l'a promis Marine Le Pen. Désormais, l'enjeu pour le parti est clair : devenir crédible et s'appuyer sur un bilan pour "passer à un stade supérieur", dès les européennes le 25 mai. Plusieurs sondages placent le FN au-dessus de 20%. Et devant le PS.
Avec AFP