Malgré les annonces du président Ianoukovitch sur le remaniement gouvernemental et la modification des lois anti-protestation, la pression sur le pouvoir ne semble pas faiblir, samedi, tant du côté des manifestants que de Bruxelles.
Les concessions du président Viktor Ianoukovitch n’ont pas découragé, samedi 25 janvier, les manifestants ukrainiens mobilisés depuis maintenant plus de deux mois.
Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a en effet annoncé la veille un remaniement ministériel pour la semaine prochaine et avancé que des amendements seraient présentés au Parlement pour modifier les lois anti-protestation votées la semaine précédente. Les députés seront amenés à se prononcer mardi prochain à l’occasion d’une session extraordinaire.
Scènes de guérilla urbaine
Mais ces nouvelles propositions ont été aussitôt jugées insuffisantes par l'opposition. "Changer le gouvernement ne suffit pas, il faut changer les règles du jeu", a déclaré l'ex-boxeur Vitali Klitschko, tout en assurant qu'il était prêt à de nouveaux pourparlers avec le pouvoir.
Dans la capitale ukrainienne, où l'opposition espère réunir dimanche des centaines de milliers de personnes, la tension est même montée d'un cran dans la nuit sur les lieux des violents affrontements observés entre dimanche et jeudi.
Un homme blessé mercredi lors des violents affrontements entre manifestants et police dans le centre de Kiev est mort samedi à l'hôpital de ses blessures, a-t-on appris de source médicale. Jusqu'à présent, les autorités faisaient état de deux victimes, tuées par balles. L'opposition en dénombrait cinq.
Selon un photographe de l'AFP sur place, les manifestants ont de nouveau enflammé des pneus sur les barricades les séparant des forces de l'ordre rue Grouchevski, transformées en un mur de feu avec d'épaisse fumée noir. Ils envoyaient pavés et cocktails Molotov vers les forces de l'ordre, qui répliquaient avec des balles en caoutchouc et grenades assourdissantes.
Loin des scènes de guérilla urbaine de la semaine, inédite en deux mois de mobilisation, la situation a marqué un regain de tension après près de deux jours de trêve.
La nuit précédente, les contestataires avaient, dans le calme, envahi le ministère de l'Agriculture, situé près de la place de l'Indépendance, et édifié de nouvelles barricades, étendant le territoire de "Maïdan", l'autre nom de la place employé pour désigner la zone occupée par l'opposition.
Pression de Bruxelles
Viktor Ianoukovitch doit aussi composer avec une intense activité diplomatique des pays européens, qui ont dénoncé cette semaine l'emploi de la violence contre les manifestants et dont certains, comme la France et l'Allemagne, ont convoqué vendredi les ambassadeurs.
La situation en Ukraine doit constituer samedi le cœur d'une rencontre à Varsovie entre le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, avec le Premier ministre polonais, Donald Tusk, et le président polonais, Bronislaw Komorowski. La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, est, pour sa part, attendue à Kiev les 30 et 31 janvier.
Le mouvement, né de la volte-face en novembre du pouvoir ukrainien ayant refusé de signer un accord d'association avec l'Union européenne pour se tourner vers la Russie, s'est considérablement radicalisé après le vote des lois anti-protestation.
Avec AFP