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Après la publication d’une circulaire de Manuel Valls appelant à l'interdiction des spectacles de Dieudonné, le maire de Bordeaux a annoncé qu’il allait empêcher la tenue du one-man-show que le polémiste doit donner dans sa ville le 26 janvier.

Le maire UMP (droite) de Bordeaux, Alain Juppé, a annoncé, lundi 6 janvier, qu’il allait interdire le spectacle que l’ex-humoriste Dieudonné doit donner dans la ville le 26 janvier prochain. Cette décision intervient quelques heures après la publication d'une circulaire du ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, appelant les préfets à interdire la tenue des prestations du polémiste controversé, condamné à plusieurs reprises pour des propos jugés antisémites.

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"Dieudonné n'est pas réductible à un homme d'extrême-droite"
Alain Juppé interdit le spectacle de Dieudonné à Bordeaux

"Je viens de prendre connaissance de la circulaire adressée au préfet par le ministre de l'Intérieur à propos des spectacles" de Dieudonné, écrit l’édile dans un communiqué. Les conditions "dans lesquelles un spectacle ne pourrait avoir lieu", selon les termes de la circulaire, "sont remplies à Bordeaux", estime Alain Juppé, premier élu à interdire un spectacle de Dieudonné après la diffusion de cette circulaire.

Nantes : décision attendue mardi

La décision concernant une interdiction éventuelle du one-man-show prévu jeudi prochain à Nantes, première étape de la tournée en province de Dieudonné, ne sera pas connue avant mardi 7 janvier. "On travaille sur l'interdiction" au plan local, a déclaré à l'AFP le préfet de Loire-Atlantique, Christian de Lavernée. "Donc, à mon avis, ce sera plutôt demain midi, pas plus tôt", a-t-il indiqué.

"Depuis la réception de la circulaire, on a tout ce qu'il faut, on construit la décision au plan local", a expliqué Christian de Lavernée, avant de préciser que cette circulaire n'est "pas un droit qui permet une interdiction générale ; à chaque évènement, il y a une décision particulière".

En ce qui concerne Orléans, où un spectacle est programmé le 11 janvier, le préfet de la région Centre et du Loiret, Pierre-Etienne Bisch, a indiqué que "la journée de demain [mardi] sera consacrée aux consultations locales afin d'apprécier les décisions à prendre".

Dieudonné contestera toute interdiction

L’intéressé a d’ores et déjà fait savoir qu’il contestera toute interdiction devant la justice administrative. "Bien sûr, il y aura un référé et mon client agira immédiatement contre cette décision qui est visiblement déjà prise", a affirmé à l'AFP son avocat Jacques Verdier.

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Qui sont les soutiens de Dieudonné ?

Ce dernier a d’ailleurs rappelé que "le juge du tribunal administratif de Nantes avait déjà pris en 2010 une décision, confirmée par le Conseil d'État", plus haute juridiction administrative française, invalidant un précédent arrêté d'interdiction d'un spectacle de Dieudonné au Zénith de Nantes - en fait situé sur le territoire de la commune voisine de Saint-Herblain. "Et lorsque le spectacle de Nantes avait ensuite eu lieu, il n'y a eu aucun trouble à l'ordre public et aucune plainte, pour la bonne raison que le spectacle de M. Dieudonné n'est ni raciste, ni antisémite", a poursuivi l'avocat, selon qui la circulaire de Manuel Valls est "bancale".

Les spectacles de "lancer de nains" comme exemple

Dans le texte transmis à l'ensemble des préfets, le ministre de l’Intérieur rappelle "les outils" dont ils disposent pour interdire des spectacles "qui contiennent des propos antisémites et infâmants". De fait, selon la circulaire, deux motifs peuvent être invoqués pour prendre un arrêté d'interdiction : un trouble à l'ordre public que les mesures de police classiques ne suffisent pas à contrôler ou une atteinte à la dignité humaine.

Ce deuxième point fait référence à une décision du Conseil d'État du 27 octobre 1995 qui avait validé l'interdiction d'un spectacle de "lancer de nains", reconnaissant explicitement pour la première fois que la dignité de la personne humaine était une composante de l'ordre public.

Dieudonné est depuis fin décembre l'objet d'une enquête préliminaire pour "incitation à la haine raciale" pour des attaques à l’encontre de Patrick Cohen, journaliste de France Inter, filmées en caméra cachée lors de son spectacle au Théâtre de la Main d'or à Paris. 

Avec AFP