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Handball : "Je n’ai pas touché d’argent pour jouer avec le Qatar"

L’équipe du Qatar de handball, qui dispute actuellement la Golden League à Paris, vise un premier titre au championnat d'Asie prévu en février au Bahreïn. Un Français figure parmi les nombreux joueurs étrangers de la sélection : Bertrand Roiné.

Champion du monde avec l’équipe de France en 2011, le handballeur Bertrand Roiné porte désormais les couleurs du Qatar. Il y a encore deux ans, le natif du Maine-et-Loire n’aurait pourtant jamais imaginé vivre une telle expérience.

Faute de renouvellement de contrat après six années passées à Chambéry, le joueur, âgé de 32 ans, décide en août 2012 de mettre le cap sur le Qatar afin de rejoindre Lekhwiya Sports, l’un des clubs de Doha. Une décision prise plus pour le côté financier que le challenge sportif. Dans la capitale du Qatar, l’ancien savoyard a quasiment doublé ses revenus et ne paye désormais plus d'impôts. "Ils (les Qataris, NDLR.) nous donnent la maison, on ne paie pas l’électricité et l’eau, la voiture et l’essence ne coûtent rien", confiait le Français il y a peu à BFM TV.

Un an et demi plus tard, Bertrand Roiné est désormais en possession du passeport qatari. Un sésame qui lui permet de revêtir la tunique grenat de l’état gazier. L’émirat est en effet en train de renforcer son équipe nationale en recrutant des handballeurs étrangers dans l’optique du prochain championnat du monde organisé en 2015 sur son sol.

En vue de cette échéance d’importance pour le Qatar, la France a invité la sélection qatarie à participer à la deuxièmre étape de la Golden League. Deux matches ont justement eu lieu les 4 et 5 janvier à Bercy, avec une victoire du Qatar face à la Norvège (34-27) et une défaite face à la France (29-23). L’occasion d’interviewer le nouvel homme fort de cette équipe qatarie, le Français Bertrand Roiné.

FRANCE 24 : Après avoir été champion du monde en 2011 avec l’équipe de France, vous voici désormais joueur de l’équipe nationale du Qatar. Tout le monde ne comprend pas forcément ce choix.
Bertrand Roiné : C’est ma vie, qu’ils s’occupent de la leur ! Pourquoi jugez les autres ?

Votre match face à la France a dû être difficile. Retrouver des anciens coéquipiers avec le maillot d’un autre pays ne doit pas être évident ?
Cela a été très compliqué de jouer ce match. À l’échauffement et pendant l’hymne national c’était difficile. De voir les copains en face c’est dur. J’avais la gorge nouée. Ce n’était pas un bon match pour moi.

On vous a vu entonner l’hymne qatari…
Je chante l’hymne, mais pas parfaitement. La langue est très dure à apprendre. J’essaye de m’intégrer, cela me semble naturel.

Quand on parle du Qatar, on évoque très souvent le choix financier. Cela a-t-il pesé dans votre décision de changer de nationalité ?
Pas du tout ! Je n’ai pas touché d’argent pour changer de nationalité. Je touche juste des indemnités journalières quand je suis en sélection.

Expliquez-nous ce choix pour le Qatar...
Le choix ne s’est pas fait sur un coup de tête. Je savais que cela allait être compliqué de retrouver l’équipe de France, mais ma priorité était de rejouer des matches internationaux. Le coach du Qatar (l’Espagnol Valero Rivera, NDLR) m’a alors contacté et m’a laissé 3 à 4 jours de réflexion. Je me suis ensuite entraîné plusieurs fois avec le groupe et on est partis en stage en Espagne. À mon retour au Qatar, je me suis décidé.

Avec la perspective du championnat du monde l'an prochain au Qatar...
J’en ai fait un avec l’équipe de France et c’était une super expérience. Quand en touche à ça, on a envie d’y retoucher, d’autant plus qu’il y a l’opportunité de participer aux JO de 2016. Actuellement, on prépare le championnat d’Asie qui va commencer fin janvier. La priorité, c’est de le gagner.

Quelles sont vos conditions de travail au Qatar ?
Les conditions sont idéales. On s’entraîne avec l’équipe nationale et non avec notre club. À l’origine, j’avais signé pour un an. Cela s’est bien passé avec ma famille et les conditions de vie sont confortables. Maintenant, j’espère continuer jusqu’en 2016 pour aller aux JO.

Parlez-nous de la place du handball au Qatar ?
Le handball n’est pas trop connu là bas. Pour eux, c’est nouveau. Les salles sont plutôt vides. Il n’y a pas cette culture du sport comme on peut l’avoir en France. Ça progresse, mais il y a encore du boulot pour faire venir les spectateurs. J’espère qu’il y aura un engouement autour du handball avec le mondial. Ils aiment beaucoup le football, le FC Barcelone et le PSG. Il y a vraiment beaucoup de travail à faire autour du handball.

VIDEO - Interview du Français Bertrand Roiné désormais joueur du Qatar

Tags: Qatar, Handball,