Après l'arrestation à Istanbul d'une cinquantaine de personnes soupçonnées de corruption, dont des proches du pouvoir, cinq chefs de la police ont été démis de leurs fonctions. L'opposition demande la démission du Premier ministre Erdogan.
En réaction à une vaste opération anti-corruption qui a visé, mardi 17 décembre, des proches du gouvernement turc, cinq chefs de la police ont été démis mercredi de leurs fonctions et remplacés, sans autre forme d'explication. Une mesure qui apparaît comme une vengeance de l'État dirigé par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. Son vice-Premier ministre a pourtant affirmé que le gouvernement respectait la procédure judiciaire.
Lors du coup de filet organisé mardi à l'aube, plus de cinquante personnes se sont retrouvées en garde à vue dans le cadre de cette affaire, selon le vice-Premier ministre Bülent Arinç. Parmi les interpellés figurent le PDG de la banque publique Halk Bankasi, Süleyman Aslan, des patrons, des hommes d'affaires ou des membres de l'AKP, le parti au pouvoir, dont le maire du très conservateur district stambouliote de Fatih, Mustafa Demir. Les fils des ministres de l'Intérieur Muammer Güler, de l'Economie Zafer Caglayan et de l'Environnement Erdogan Bayraktar ont également été interpellés, achevant de donner un tour très politique au scandale.
Tous sont soupçonnés de corruption active, de fraude ou de blanchiment d'argent dans trois enquêtes différentes ouvertes il y a plusieurs mois par le parquet d'Istanbul.
Guerre entre Erdogan et la confrérie de l'imam Gülen
Selon les détails qui ont filtré, la première enquête vise un homme d'affaires originaire d'Azerbaïdjan, Rezza Zarrab, suspecté d'avoir payé des pots de vin pour cacher certaines transactions, notamment des ventes illégales d'or à l'Iran sous embargo international, via la Halk Bankasi. Les deux autres enquêtes concernent le versement de dessous-de-table à des proches du gouvernement en marge de marchés publics immobiliers.
Ces arrestations ont créé une onde de choc dans le pays, où l'opposition a exigé la démission du gouvernement islamo-conservateur.
D'après des observateurs politiques, cette rafle dans des milieux proches du gouvernement a pour toile de fond une lutte de pouvoir entre le parti de Recep Tayyip Erdogan et une puissante confrérie de l'imam Fethullah Gülen, qui jouit de la réputation d’être aux commandes de la justice et de la police.
La confrérie de Gülen est en guerre contre l'AKP depuis la décision en novembre de fermer les nombreux établissements privés de soutien scolaire, importante source de revenus de la confrérie et devenus une véritable institution parallèle en Turquie.
Avec AFP