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Angela Merkel et ses six ministres superstar

La chancelière allemande a été confirmée à son poste. Si Angela Merkel demeure, les ministres dans leur majorité changent. Revue de détails des personnalités à suivre de cette nouvelle grande coalition gauche-droite.

Sans surprise, Angela Merkel a été confirmée à la tête de la nouvelle grande coalition. La chancelière sortante a été réélue à une écrasante majorité des députés allemands (462 voix pour et 150 votes contre) à la tête du gouvernement mardi 17 décembre.

Elle entame ainsi son troisième mandat durant lequel elle a aura la lourde tâche de diriger un gouvernement où vont cohabiter des stars de la SPD (social-démocrate, de centre gauche), encore hier dans l’opposition, et les poids lourds de la CDU et la CSU, les deux principaux partis de droite allemande.

C’est la troisième fois, depuis 1945, que l’Allemagne est dirigée par une grande coalition. Des périodes (1966-1969 et 2005-2009) qui n’ont jamais été synonyme de paralysie politique mais ont toujours donné lieu à des affrontements de personnalités. Pour comprendre les enjeux politiques de ce gouvernement, FRANCE 24 a sélectionné les probables stars de la nouvelle équipe Merkel.

Sigmar Gabriel. Le nouveau vice-chancelier allemand et ministre de l’Économie en charge de la transition énergétique est à la fois une bête politique et un rescapé de la SPD. Le patron du parti social-démocrate, et fils d’un ancien membre du parti nazi, a connu une longue traversée du désert durant l’ère Schröder (1995-2005) pour s’être opposé à son programme économique. L’ancien chancelier allemand l’avait alors relégué au rang de “porte-parole de la culture et du discours ‘pop’ au sein du SPD. De ce passage à vide, Sigmar Gabriel a gardé le surnom de “Siggi Pop”.

Mais après les deux mandats de Gerhard Schröder, il parvient à revenir sur le devant de la scène politique. Entre 2005 et 2009, il devient ministre de l’Environnement sous le gouvernement de coalition d’Angela Merkel I. Il s’impose, ensuite, à la tête de la SPD. Il réussit à survivre à l’échec de Peer Steinbrück, le candidat malheureux de la gauche aux élections générales de septembre 2013.

Ursula von Der Leyen. Certes, elle était déjà au gouvernement mais sans le prestige de sa nouvelle fonction. Elle devient, en effet, la première femme à occuper, en Allemagne, le poste de ministre de la Défense. Cette femme de 55 ans est présentée à la fois comme probable dauphine d’Angela Merkel et comme figure iconoclaste de la scène politique qui agace les caciques de son parti, la CDU. C’est dire si l’ex-ministre du Travail est devenue une figure clé de la nouvelle équipe.

Habituée des médias, elle est l’une des personnalités politiques préférées des Allemands après la chancelière. Si elle se décrit volontiers comme économiquement de droite, elle se présente également comme une femme moderne, quitte à agacer ceux qui, à droite, estiment que son rôle devrait être plutôt aux côtés de ses sept enfants.
Mais ça, il n’en est pas question pour la nouvelle patronne des armées. Elle a déjà fait savoir qu’elle comptait briguer le poste de chancelière en 2017.

Aydan Özoguz. Une Allemande d’origine turque à la tête d’un ministère : c’est une première en Allemagne. La social-démocrate Aydan Özoguz hérite du portefeuille très sensible de l’Intégration, sorte de ministère de l’Immigration à l’allemande.

Cette femme de 46 ans a connu une ascension politique fulgurante. Elle fait, en effet, ses premiers pas en politique en 2001 et entre au Parlement seulement sept ans plus tard.

Paradoxalement, elle doit une partie de son succès politique à Thilo Sarrazin, un controversé banquier, membre du SPD, connu pour ses prises de position xénophobes. Lorsque ce dernier commence, en 2010, à partir en croisade contre les Turcs et plus généralement contre les musulmans dans son ouvrage “L’Allemagne disparaît”, le parti refuse de l’exclure. Pour rattraper le coup auprès de la communauté turque, Sigmar Gabriel décide de mettre Aydan Özoguz en avant et en fait, en 2011, l’une des porte-parole du SPD.

Heiko Maas. C’est, de l’avis général des médias allemands, la grande surprise de l’équipe Angela Merkel III. Heiko Maas en tant que ministre de la Justice ? “Il y a encore un mois cela aurait fait rire tout le monde”, écrit le quotidien conservateur “Frankfurter Allgemeine”.

Sa carrière plus que chaotique au sein de la SPD lui a valu, en Allemagne, le surnom de “Prince Charles” du parti social-démocrate. Cet éternel héritier, qui ne voit jamais la couleur de la couronne, était déjà présenté comme la nouvelle star de la gauche allemande en 1998. Mais depuis lors, ce politicien de 47 ans a connu des échecs électoraux à répétition .

Pourquoi alors l’avoir appelé au gouvernement, qui plus est à un poste aussi prestigieux que celui de ministre de la Justice ? Pour la chaîne allemande d’informations en continu N-Tv, Heiko Maas a trois avantages : il demeure l’une des figures les plus connues de la jeune génération du SPD, il incarne l’aile gauche du parti et a déjà l’expérience, au niveau régional, d’un gouvernement de coalition gauche-droite.

Frank-Walter Steinmeier. Le retour. Franz-Walter Steinmeier rejoint Angela Merkel et retrouve sa place de ministre des Affaires étrangères, un poste qu’il avait déjà occupé lors de la précédente grande coalition (2005-2009).

Surtout, il retrouve celle qui l’avait ridiculisé dans les urnes lors des élections générales de 2009 alors qu’il était le candidat du SPD au poste de chancelier. C’est dire si l’homme n’est pas rancunier.

Ce grand fan de Gerhard Schröder et russophile assumé retrouve un poste où il a, d’après les médias allemands, laissé le souvenir d’un grand bosseur à la personnalité terne.

Wolfgang Schäuble : On ne change pas un ministre qui gagne. Wolfgang Schäuble est la deuxième personnalité la plus populaire d’Allemagne et conserve logiquement son poste de ministre des Finances. Cette figure de la CDU gardera la haute main sur la politique budgétaire de la première puissance économique européenne. Il y sera le garant de la priorité affichée d’Angela Merkel : garantir l’équilibre des finances allemandes.