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Après les Google Glass et les montres intelligentes, les perruques connectées

Un brevet soumis par le Japonais Sony décrit des perruques connectées, baptisées "SmartWig", qui pourraient aider les aveugles, améliorer l’expérience des joueurs ou, tout simplement, intéresser tous ceux pris par la folie des objets connectés.

C’est une idée littéralement capilotractée. Après les lunettes connectées de Google, les montres et les bracelets dits intelligents, Sony cherche à faire rentrer les cheveux dans l'aventure des “objets” de demain. Le géant japonais a, en effet, déposé la semaine passée un brevet pour des perruques connectées, ont révélé les médias américains ces derniers jours.

“C’est la déclinaison la plus bizarre à ce jour en matière d’objets connectés”, s’étonne le site américain spécialisé dans l’économie numérique Businessinsider. Le brevet a, en effet, de quoi laisser dubitatif : Sony y décrit une perruque, baptisée “SmartWig”, équipée d’au moins un capteur et d’une “interface de communication” avec un autre périphérique connecté comme un smartphone. Ce nouvel accessoire permettrait, entre autres, d’être averti, grâce à des vibrations, de nouveaux messages et appels.

Le constructeur japonais a, aussi, prévu la possibilité d’y intégrer une petite caméra et un dispositif GPS. Un équipement qui pourrait, d’après Sony, faciliter la vie aux malvoyants : grâce à cette perruque, une autre personne pourrait suivre en direct les déplacements de l’utilisateur aveugle et l’aider à se repérer.

Autant d’applications que d’autres objets connectés “peuvent également, et parfois mieux, faire”, assure à FRANCE 24 Olivier Reisse, associé au sein de l’activité “Business Technology” du cabinet de conseil aux entreprises Weave. Mais Sony assure avoir un avantage sur la concurrence : “le confort d’utilisation est bien plus important” et “ça peut être un vrai accessoire de mode”. Sans compter, souligne le géant japonais dans son brevet, que sa perruque serait un choix naturel pour les chauves et ceux qui perdent leurs cheveux pour des raisons médicales, comme dans le cas d’une chimiothérapie.

Une perruque pour jouer à la PS4 ?

Pour Olivier Reisse, au-delà du secteur de la santé et de l'anecdotique, cette perruque pourrait être un développement stratégique pour l'un des cœurs de métier de Sony, le jeu vidéo. Le constructeur "indique qu’elle peut capter les ondes du cerveau et donc décrypter l’humeur ou le niveau de stress de l’utilisateur, ce qui peut avoir des applications intéressantes pour le jeu vidéo, l'une des principales activités du constructeur”, remarque-t-il. Dans une industrie où chacun cherche, à l’image du capteur de mouvement Kinect de Microsoft, à réinventer la manière dont les joueurs communiquent avec leur console, cette “SmartWig” pourrait ouvrir de nouveaux horizons. D’autant que Sony insiste bien sur la possibilité de contrôler à distance d’autres périphériques connectés avec un simple mouvement de sourcils qui serait compris par la perruque.

Pour autant, tous les joueurs ne vont pas, du jour au lendemain, se transformer en férus de perruque. “Il faut plutôt considérer le brevet comme une pièce du puzzle, une étape R&D”, souligne Olivier Reisse. En clair, la perruque permet à Sony de travailler sur la technologie, mais rien ne dit qu’au final la technologie ne sera pas intégrée à un autre accessoire moins capillaire. D’ailleurs, un porte-parole du groupe a précisé au site de la chaîne BBC qu’il ne savait pas encore si la “SmartWig” allait être commercialisée un jour. Le brevet précise, en outre, que toutes les innovations pourraient très bien être intégrées dans d’autres types de couvre-chefs.

Que Sony, qui commercialise par ailleurs des montres intelligentes, cherche ainsi à innover en matière d’objets connectés n’étonne pas Olivier Reisse. “Aujourd’hui, le site d’une grande enseigne française dispose d’une section ‘objets connectés”, c’est un signe que le secteur commence à intéresser le grand public”, note cet expert. En d’autres termes, il y a un marché potentiellement juteux à conquérir. “C’est, avec l’impression 3D qui permet de personnaliser les objets, l’autre grande évolution des années à venir”, estime Olivier Reisse.

Pour l'instant, personne n'a encore trouvé la formule magique. Les "smartwatch" de Samsung sont, ainsi, loin de se vendre comme des petits pains. Le secteur attend, donc, encore celui qui, à l'image d'Apple et de son iPhone, réussirait à créer tout un écosystème intégré autour des objets connectés. Une perspective qui mériterait bien qu'on se coupe les cheveux en quatre pour innover plus vite que les autres.