![VIDÉO : une ville chinoise plongée dans un nuage de pollution VIDÉO : une ville chinoise plongée dans un nuage de pollution](/data/posts/2022/07/18/1658165159_VIDEO-une-ville-chinoise-plongee-dans-un-nuage-de-pollution.jpg)
Une impressionnante vague de pollution à Harbin, au nord-est de la Chine, relance le débat de la protection environnementale, souvent sacrifiée sur l’autel du profit. Mais depuis peu, le gouvernement chinois semble faire des efforts.
Dans les rues d’Harbin, la visibilité ne s’étend pas au-delà de dix mètres. Depuis plusieurs jours, les habitants de cette ville du nord-est de la Chine sont assommés par une épaisse brume de pollution. De nombreux accidents de la circulation sont rapportés, les autoroutes de la ville fermées, les écoles gardent portes closes et les autocars longue distance ont interrompu leur service.
La concentration en particules fines - les PM2,5, particulièrement nocives pour la santé - y a atteint 900 microgrammes par mètre cube, selon le centre de contrôle de l’air à Harbin. Un chiffre 40 fois supérieur au seuil recommandé par l’Organisation mondiale de la santé [OMS].
Images de la ville d'Harbin sous la pollution, publiées sur la plateforme de vidéos chinoise YouKu
L’industrie du charbon responsable
Ce pic de pollution, particulièrement sérieux, coïncide avec le redémarrage du système public de chauffage d’Harbin, où les hivers sont très rudes. “Les Chinois n’ont pas beaucoup de pétrole. Ils se servent énormément de l’industrie du charbon pour se chauffer ou encore pour faire tourner les entreprises”, explique à FRANCE 24 Manuel Pennaforte, avocat spécialiste de l’environnement et président de l’association Environnement France Chine. Les émissions des centrales électriques à charbon sont considérées comme l’un des principaux facteurs de pollution dans le pays. L’exploitation des énergies non renouvelables est telle que la situation à Harbin est non seulement “récurrente”, mais elle est aussi "endémique", pusique tout le pays est régulièrement touché, affirme l’avocat.
En début d’année déjà, un épais brouillard nocif avait frappé Pékin et ses provinces environnantes, touchant quelque 600 millions de personnes. Cet énième épisode polluant avait - de part son intensité - éveillé la conscience écologique des Chinois, dont la grogne avait envahi les réseaux sociaux, et conduit aux premières manifestations contre des projets polluants.
Un plan anti-pollution titanesque
Depuis, le gouvernement chinois s’est engagé à mettre en place “un plan quinquennal qui fixe des objectifs drastiques en terme de pollution de l’air, mais aussi des eaux et du bruit”, assure Manuel Pennaforte. L’ambition affichée par Pékin : réduire d’au moins 10 % la densité de particules nocives d’ici à 2017 dans les métropoles chinoises. Quelque 1,75 trillion de yuan (208 milliards d’euros) doivent être injectés dans le plan. Un pas de géant pour un pays qui, “il y a moins de deux ans encore faisait tout pour occulter la dégradation de l’environnement en Chine et ses conséquences sur la santé”, assure Philippe Grangereau, correspondant de “Libération” à Pékin.
“Leur prise de conscience est bien réelle”, confirme également Manuel Pennaforte. “Bien qu’ils n’aient pas encore achévé leur révolution industrielle, les Chinois ont amorcé, en temps utiles, un virage pour l’environnement.” On est encore loin des standards fixés par les conventions internationales, mais selon l’avocat, la direction prise par Pékin est positive, même si la croissance demeure prioritaire.
Le gouvernement est en train de développer un véritable “arsenal législatif”, assure-t-il. “Plusieurs délégations ont déjà procédé à du benchmarking intensif pour se renseigner sur les législations en vigueur en Occident. La France est d’ailleurs particulièrement observée en la matière”, indique Manuel Pennaforte. Encadrement strict, sanctions pénales et administratives… “le projet prend forme, même s’il n’est pas encore appliqué”.
Éduquer la population aux habitudes citoyennes
Signe des progrès déjà effectués, les autorités pékinoises publient désormais des indices officiels de pollution, rapporte Philippe Grangereau, même si ceux fournis depuis longtemps par l’ambassade des États-Unis à Pékin demeurent bien plus alarmistes que ceux du gouvernement. En cas de pic de pollution jugé dangereux, un système d’alerte sera progressivement mis en place dans tout le pays.
Le gouvernement appelle également les cadres locaux à se responsabiliser en prenant eux-mêmes en charge l'amélioration de la qualité de l'air dans leurs villes. Les bons élèves en la matière se partageront 600 millions de primes pour les efforts fournis.
Reste un défi de taille à relever : l’éducation de la population, dont les gestes citoyens sont encore très limités. Pourtant, l’environnement est une véritable question de santé publique en Chine : la pollution de l'air a contribué au décès prématuré de 1,2 million de personnes dans le pays sur la seule année 2010, selon une étude de mars 2013, conduite par l'organisation Health Effects Institute.