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Janet Yellen, la "colombe" qui va diriger la Fed

La numéro deux de la Banque centrale américaine, Janet Yellen, a été nommée à la tête de la Réserve fédérale américaine, la Fed, pour succéder à Ben Bernanke. Itinéraire de la première femme à occuper ce prestigieux poste.

Après Christine Lagarde à la tête du Fonds monétaire international (FMI), une autre femme va désormais diriger l’une des plus influentes institutions économiques au monde. Janet Yellen, 67 ans, devient la première femme à prendre les rênes de la Fed (la Réserve fédérale américaine). L’administration Obama a confirmé mercredi 9 octobre sa nomination pour succéder à Ben Bernanke en janvier 2014.

"Elle a fait ses preuves de dirigeante, et elle est solide", a confié Barack Obama. "Elle est exceptionnellement qualifiée pour ce rôle". De son côté, Janet Yellen, qui s'est dite "honorée" d'avoir été choisie, a déclaré qu'il fallait encore "renforcer la reprise" économique.

Janet Yellen était la mieux placée pour diriger la Fed depuis que Lawrence Summer, le candidat initialement soutenu par Barack Obama, a annoncé le 15 septembre qu’il renonçait à briguer le poste. Peu après ce retrait surprise, une lettre de soutien à Janet Yellen, signée par plus de 300 économistes américains, avait été adressée au président des États-Unis.

Depuis lors, son parcours, sa vie, son œuvre sont disséqués dans les moindres détails. Il faut dire que Janet Yellen, qui travaille pour la Fed depuis près de 20 ans, a pourtant su rester à l’écart de l’attention des médias, bien que, depuis 2010, elle est vice-présidente de la Banque centrale américaine.

Pour en arriver là, cette native de New York a tout d'abord fait ses preuves dans le milieu académique, en passant par certaines des universités les plus prestigieuses dans le domaine des sciences économiques. Elle a obtenu son doctorat à Yale, a enseigné, dans les années 70, à Harvard et également à la London School of Economics puis à Berkeley.

Une “colombe” parmi les “faucons”

Elle a, en outre, eu la chance de côtoyer de très près deux prix Nobel d’économie : James Tobin, l’inventeur de la célèbre taxe qui porte son nom, a été son mentor à Yale, tandis que son mari, George Akerlof, a partagé la prestigieuse récompense avec Josef Stiglitz en 2001.

Du monde universitaire, Janet Yellen est passée directement aux coulisses de la Fed à partir de 1994. Un univers qu’elle n’a quasiment plus quitté depuis, sauf pour occuper un poste de conseillère économique auprès de Bill Clinton, entre 1997 et 1999, et un retour à l’enseignement à Berkeley jusqu’en 2004.

Mais qu’on ne s’y trompe pas : Janet Yellen n’est pas une femme du sérail, une “fedocrate” forcénée. Au contraire, elle a souvent été considérée comme une voix, certes très influente, mais également discordante au sein de cette institution monétaire. Janet Yellen est devenue, au fil des ans, l’une des chefs de file des “colombes” de la Fed dans un univers dominé par les “faucons” de la pensée économique. Ces derniers veulent que la Fed se concentre essentiellement sur sa mission de contrôle de l’inflation. L’autre courant, incarnée par la probable future patronne de la Réserve fédérale américaine, pense que le pays peut supporter un peu d’inflation si cela permet de réduire le chômage.

Les marchés financiers sereins

Depuis le début de la crise économique de 2008, le soutien de la Fed à l’économie américaine à coup de milliards de dollars - quitte à provoquer un regain d’inflation - prouve que ce sont ses arguments qui prévalent actuellement. Il faut dire que Janet Yellen a été l’une des rares, en 2007, à alerter les autorités sur les risques d’explosion de la bulle immobilière, comme le souligne le Washington Post. En outre, “elle impressionne tout le monde par la pertinence des arguments qu’elle avance pour défendre ses points de vue et sa connaissance des dossiers”, souligne Andrew Rose, un professeur de l’Université de Berkeley qui l’a connue. Un avis partagé par Josef Stiglitz pour qui “elle a été l’étudiante la plus brillante qu’il m’a été donnée de côtoyer”.

Reste un monde à séduire : celui de la finance. Contrairement à bon nombre de ses collègues de la Fed, elle n’a aucun lien connu avec les entreprises de Wall Street et son penchant pour des idées économiques dites "de gauche" pourraient la desservir. Pourtant, l’annonce de sa future nomination, mardi, par la Maison Blanche n’a provoqué aucun séisme boursier. Pour la chaîne britannique BBC, la raison est simple : elle suivra probablement la ligne adoptée par Ben Bernanke, qui prône des taux d'intérêts bas, garantissant aux banques un accès à des prêts intéressants. Ce qui semble logique car elle a elle-même largement contribué à façonner cette politique de la Réserve fédérale américaine.