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Nobel de physique : “Le chapitre de la quête du boson de Higgs est clos”

Les deux pères du boson de Higgs, Peter Higgs et François Englert, ont reçu le Nobel de physique. Ursula Bassler, chef du service de physique des particules au CEA, explique où en est la recherche de cette particule et ce qu’il reste à découvrir.

Il aura fallu près de 50 ans pour que le prix Nobel de physique soit attribué au physicien belge François Englert et à son homologue britannique Peter Higgs. Leur hypothèse selon laquelle il existe une particule, le fameux boson de Higgs, qui explique pourquoi les particules subatomiques ont une masse et permet de comprendre comment l’univers s’est formé, a finalement été récompensée par la Fondation Nobel mardi 8 octobre.

Une reconnaissance tardive pour ces deux physiciens, aujourd’hui octogénaires, qui doit beaucoup aux travaux de l’Organisation européenne de recherche nucléaire (le Cern). Cette dernière avait en effet annoncé, en juillet 2012, avoir découvert une nouvelle particule correspondant aux hypothèses des deux scientifiques.

Le prix Nobel vient donc couronner et conclure en beauté cette longue quête débutée par François Englert et Peter Higgs en 1963. Mais pour autant, comme l'explique à FRANCE 24 Ursula Bassler, chef du service de physique des particules au Commissariat français à l’énergie atomique (CEA), le boson de Higgs n’a pas fini de livrer tous ses secrets.

FRANCE 24 : Quelle est la portée du prix Nobel attribué à François Englert et Peter Higgs ?

Ursula Bassler : Cette récompense vient valider au plus haut niveau possible la conviction que nous avions que le Cern avait bien découvert, en juillet 2012, le boson de Higgs. C’est important car on peut ainsi dire que le chapitre de la quête du boson de Higgs est maintenant close.

Pourtant en 2012, le CERN précisait bien qu’il n’était pas sûr à 100 % d’avoir mis le doigt sur cette fameuse particule. Y a-t-il eu des avancées depuis ?

Toutes les mesures de précision faites depuis l’été 2012 montrent qu’on est bien en présence du boson de Higgs. Maintenant, on ne pourra jamais être sûr à 100 % d’être en présence du boson de Higgs ou d’une autre particule dont les caractéristiques sont proches. Je préfère sabrer le champagne maintenant que de devoir attendre une confirmation qui viendra dans 20 ans ou jamais.

Vous célébrez ce prix Nobel, pourtant le boson de Higgs a longtemps été qualifié de chaînon manquant d'une des principales théories de la physique… Cela signifie-t-il la fin de l’histoire pour votre secteur de recherche ?

Comme on dit, lorsqu’une histoire d’amour se termine, on ne sait jamais sur qui on va tomber après. Plus sérieusement, et pour prendre une analogie scientifique, la théorie de Newton expliquait à peu près tout ce qu’il y avait à savoir sur la gravité, et pourtant, Einstein a pu greffer dessus sa théorie de la relativité qui englobait les travaux de Newton.

C’est cela que la découverte du boson de Higgs va permettre de faire : chercher d’autres particules encore inconnues qui pourraient donner lieu à des théories qui englobent le “modèle standard” et en tester d’autres qui gravitent autour du boson de Higgs. Je pense notamment à la supersymetrie [une théorie qui affirme que chaque particule positive à son alter ego négative, NDLR] ou encore à la recherche d’une autre dimension en plus des quatre que nous connaissons actuellement [longueur, largeur, profondeur et temps].