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La justice chilienne s'excuse de sa complicité passive sous Pinochet

Alors que le Chili s'apprête à commémorer la prise de pouvoir par le général Augusto Pinochet le 11 septembre 1973, les magistrats chiliens ont demandé pardon pour avoir failli à protéger les victimes durant les 17 années de dictature.

L’association des magistrats du Chili a demandé pardon, mercredi 4 septembre, pour ses "actions et omissions" pendant la dictature d’Augusto Pinochet, qui a fait plus de 3 000 victimes entre 1973 et 1990. Des déclarations qui surviennent alors que le pays se prépare à commémorer les 40 ans du coup d’État militaire qui a renversé le gouvernement du socialiste Salvador Allende et installé au pouvoir le général Pinochet le 11 septembre 1973.

"L'heure est venue de demander pardon aux victimes, à leurs proches et à la société chilienne", ont dit mercredi soir les juges dans une déclaration inédite. "Nous devons le dire et le reconnaître clairement et avec force : le pouvoir judiciaire - et, en particulier, la Cour suprême de l'époque - a manqué à son devoir de garant des droits fondamentaux et de protection des victimes face aux abus de l'État", ont-ils encore déclaré.

Sous la dictature, quelque 5 000 demandes de protection pour les disparus ou les personnes détenues illégalement avaient été rejetées par les tribunaux chiliens, qui prétextaient ne pas avoir d'informations à ce sujet.

Un premier mea culpa politique

Quelques jours plus tôt, les politiques avaient initié ces actes de repentance, un sénateur de droite, Hernan Larraín, ayant notamment demandé pardon pour "ne pas avoir participé à la réconciliation nationale". Le président de centre-droit, Sebastian Piñera, a quant à lui affirmé que des complices passifs pendant les 17 ans de dictature "savaient et n’ont rien fait ou n’ont pas voulu savoir".

Entre 1973 et 1990, environ 3 200 personnes sont mortes ou ont disparues, selon les organisations de défense des droits de l'Homme.  Aujourd’hui, 1 400 procès pour violations des droits de l’Homme sont encore en cours. Des milliers d’autres cas ne sont pas traités par la justice.

Avec dépêches