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À quelques jours de l'élection présidentielle au Mali, de nombreux ressortissants maliens en France sont en colère. Ils ne pourront pas voter n'ayant pas reçu leur carte d'électeur à temps.

Ramata Coulibaly, coordinatrice du Collectif des Maliens de France pour la Paix (CMFPaix), ne cache pas son amertume. Pour la première fois de sa vie, cette Malienne de 67 ans, résidant dans la région parisienne, ne votera pas à l’occasion du premier tour de la présidentielle, dimanche 28 juillet. Non pas par choix mais parce qu’elle n’a tout simplement pas reçu sa carte Nina, la carte d'identification biométrique faisant office de carte d'électeur au Mali.

"C’est une honte, affirme-t-elle à FRANCE 24. Voter est un droit constitutionnel ! En fixant la date de l’élection dans la précipitation, les autorités maliennes n’ont même pas pris le temps de s’assurer que toutes les conditions étaient réunies pour que le scrutin se passe dans de bonnes conditions. Résultat : elles me privent de mon droit de vote !"

Au début, cette Malienne originaire de Gao, dans le nord-est du pays, ne voulait pas y croire. Elle a passé plusieurs heures à vérifier si son nom ne figurait pas sur les listes électorales, affichées dans le désordre sur les murs de l’ambassade du Mali, à Paris. En vain. "J’ai pourtant bien mon récépissé attestant que j’ai été enregistrée lors du Ravec de 2009 [dernier recensement administratif malien à vocation d’état civil, ndlr]", assure Ramata Coulibaly.

Un casse-tête logistique qui pénalise de nombreux Maliens. Depuis une semaine, des centaines de ressortissants affluent chaque jour dans les locaux diplomatiques de la rue du Cherche-Midi à Paris pour s’assurer que leur nom figure bien sur les listes électorales. Certains ressortent de l’ambassade soulagés d’avoir pu récupérer leur précieux sésame. D’autres, qui n’ont pas eu cette chance, se sentent lésés de ne pas être en mesure de participer à la première élection présidentielle malienne depuis le coup d’État du 22 mars 2012. "On veut tous participer à la construction du Mali, c’est notre pays !", déplore Ramata Coulibaly.

"Une minorité va pouvoir voter"

Sur les 81 000 ressortissants maliens vivant en France enregistrés au Ravec, le consulat n'a reçu que 29 000 cartes Nina, dont la moitié seulement a été distribuée. En France, "une minorité va pouvoir voter", a reconnu à l’AFP mardi 23 juillet le consul général, Mangal Traoré, qui précise que "les gens étaient particulièrement motivés pour cette élection, d'où leur très grande frustration".

Face à ce problème logistique, plusieurs associations maliennes basées en France, dont le Collectif des Maliens de France pour la Paix, ont organisé une série de rassemblements dans l’Hexagone. Leurs revendications : faciliter l’accès au vote pour ceux qui n’ont pas de carte en les laissant utiliser leur récépissé. "On ne demande pas un report des élections, on veut juste pouvoir voter !", s’insurge Ramata Coulibaly.

Au Mali, la distribution des cartes n’est pas forcément mieux organisée. Le 18 juillet, un document officiel des organisateurs de l'élection soulignait que "le taux de remise des cartes" était "d'environ 60 %".

Selon elle, cet imbroglio des cartes électorales pourrait avoir un impact négatif sur les résultats. "Les autorités font courir le risque que le nouveau président élu n'ait pas la légitimité nécessaire au rétablissement du pays". De son côté, si l'ambassadeur Boubacar Sidiki Touré reconnaît un "problème national" et "des erreurs techniques" concernant l’organisation de l‘élection, il affirme que "cela ne remet pas en cause la crédibilité du scrutin", conclut-il.