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Rami Hamdallah, universitaire peu charismatique nommé Premier ministre

Nommé chef du gouvernement de l'Autorité palestinienne, Rami Hamdallah succède à Salam Fayyad. Si son prédécesseur était très apprécié de la communauté internationale, le nouveau Premier ministre est, lui, peu connu à l'étranger. Portrait.

Inconnu de la communauté internationale mais bien connu de la sphère dirigeante palestinienne, discret mais bien introduit, Rami Hamdallah se glisse dans le costume de Premier ministre de l’Autorité palestinienne. Nommé dimanche 2 juin par le président Mahmoud Abbas, cet universitaire âgé de 54 ans n’est pas membre à proprement parler du Fatah mais y connaît tout le monde.

S’il n’est pas un homme politique, Rami Hamdallah est assurément un homme de pouvoir, que beaucoup disent "modéré et pragmatique". Issu d’une famille d’Anabta, près de Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie, Rami Hamdallah a fait ses études au Royaume-Uni, où il a décroché un doctorat en linguistique appliquée à l’université de Lancaster, en 1988. De retour à Naplouse, il est embauché comme professeur au département de langue anglaise de l’université An-Najah, l'une des plus grandes universités palestiniennes, où il parvient à se hisser jusqu'au poste de président, en 1998.

Fort de nombreuses relations politiques, notamment avec Yasser Arafat, il décroche, après la mort de l'ancien raïs en 2004, un siège au sein du directoire de la Fondation qui porte son nom et dont l'objectif est de perpétuer sa mémoire. Par ailleurs secrétaire général de la commission électorale depuis 2002, il préside également aux destinées palestiniennes en supervisant des élections cruciales : les municipales de 2005 puis les législatives de 2006 qui ouvrent les portes du pouvoir au Hamas dans la bande de Gaza.

"Pas d'ombre à Abbas"

Rami Hamdallah s’est également construit un réseau dans la sphère économique et financière : président du directoire de la Bourse palestinienne, à Naplouse, il serait aussi un proche du milliardaire Mounib al-Masri, surnommé le "parrain de Naplouse", celui qui tire les ficelles de l’économie palestinienne.

Rami Hamdallah est un homme incontournable, donc, mais peu charismatique, peu bavard, marqué par la mort de ses proches - il a perdu sa femme et ses trois enfants dans un accident de la route en 2000. Le quotidien israélien "Haaretz" le dépeint comme un homme travailleur qui restera dans l’ombre d’Abbas. "C’est un universitaire qui obéira à Abbas quoi qu’il arrive", rapporte ainsi le journal qui cite des sources palestiniennes. "Contrairement à Salam Fayyad [le précédent Premier ministre acculé à la démission, NDLR], il ne cultivera pas une indépendance qui pourrait faire de l’ombre à Abbas ou aux autres figures de l’Autorité palestinienne. Il s’abstiendra par ailleurs de toute déclaration sur le processus de paix avec Israël."

Vierge de tout passé sulfureux, réputé intègre, Rami Hamdallah semble avoir reçu pour cela l’approbation de Washington, qui tient à mettre en œuvre un plan de redressement économique dans les territoires palestiniens.

Premier ministre de transition ?

Pour l’instant, Rami Hamdallah semble déterminé à s’inscrire dans la continuité. C’est du moins ce qui ressort de son premier discours, prononcé à la radio officielle Voix de la Palestine. Il a assuré que les ministres du précédent gouvernement seront reconduits, sauf le ministre des Finances Nabil Kassis - qui était en conflit ouvert avec Salam Fayyad. "Le nouveau gouvernement sera dans la droite ligne du précédent", a-t-il déclaré.

Rami Hamdallah s’est également engagé à "faire des efforts de réconciliation" et à œuvrer à l’unification politique de la bande de Gaza et de la Cisjordanie, auquel le Fatah et le Hamas se sont engagés le 14 mai au Caire. Selon cet accord, un gouvernement d’unité nationale doit être créé dans les trois mois - donc au cours de l’été. "J’espère que le 14 août, le président Abbas formera un nouveau gouvernement, en vertu de l’accord entre le Hamas et le Fatah", a-t-il déclaré.

La nomination du nouveau Premier ministre est cependant accueillie froidement par le Hamas. Cette désignation "ne résoudra pas les problèmes" et n’est qu’une "reproduction des expériences précédentes", a déclaré un porte-parole du mouvement islamiste, Fawzi Barhoum.

À en croire ses propres déclarations, Rami Hamdallah serait donc le chef éphémère d’un gouvernement transitoire de trois mois… à moins qu’il ne se révèle comme le futur artisan de l’unité palestinienne ? Dans "Haaretz", l’éditorialiste Barak Ravid résume ainsi la situation : "C’est un homme de bon sens" mais "dont les chances de réussite sont si ténues que sa feuille de route s’apparente à une mission-suicide".